Ma vie reçue de Dieu, c’est à travers le temps qu’elle va pouvoir se donner, à travers mon histoire bien concrète et souvent très simple. Il y a quelques jours nous cherchions le chemin pour acquiescer au réel de nos vies. C’est à travers celui-ci que ma vie pourra se donner en vérité. St Paul nous dit dans la lettre aux Ephésiens : “C’est par grâce que vous êtes sauvés pour pouvoir faire les œuvres bonnes que le Seigneur a préparées d’avance” (Eph 2, 8-10). Il ne faudrait pas en déduire que nos actions sont prévues et définies d’avance. La grâce que Dieu nous fait est d’être non seulement sauvés, mais aussi associés à ce qu’Il est lui-même, c’est-à-dire la bonté en acte. Il nous donne de donner à notre tour. Non pas parce qu’il “faut” donner, que je “dois” donner, mais parce que cela est la voie à laquelle toute ma vie aspire quand elle n’est plus soumise au péché.
Habité(e)s par cette “reconnaissance” du salut reçu, nous pouvons aimer en acte et par “reconnaissance”. Cet amour en acte sera souvent assez limité dans le concret, mais vaste dans son inspiration et porteur du souffle de Dieu. En effet, ce qui “a du poids” n’est pas d’abord l’importance de l’acte posé mais l’inspiration qui me le fait poser. Nous retrouvons là, ce passage de St Paul dans la lettre aux Corinthiens : “Même si je donne tous mes biens, et même ma vie, si je n’ai pas la charité cela ne me sert de rien…” (1 Co 13).
Nous sommes spontanément attirés par l’action importante, remarquable, valorisante. Mais en cela c’est encore notre “vieil homme” qui parle, notre être non-converti aux manières de Dieu. Il se peut que nous ayons à mener des actions importantes ou remarquables pour Dieu, mais c’est rarement la trame habituelle de nos vies… celles-ci sont en général plus “ordinaires”. C’est dans ma vie ordinaire que le Seigneur m’appelle à Le servir. C’est-à-dire qu’Il m’invite à entrer “dans” sa manière de voir, d’être, d’agir. Il m’invite à prendre “ses” projets à cœur. Et me familiarisant jour après jour à ce qu’Il est et désire, le mettant en œuvre avec les lumières et les possibilités qui sont miennes, ses désirs deviennent de plus en plus les miens.
Là encore en parlant de “ses” désirs il ne s’agit pas d’un projet précis mais de l’inspiration de fond qu’Il met en nos cœurs. Les actes qui suivront seront totalement nôtres… et aussi totalement siens, si vraiment inspirés par lui ( sans oublier les limites humaines bien sur !)
Où se donne ma vie ?
C’est à moi d’accueillir ce don chaque jour. La vie qui m’est donnée et me donne de donner.