Jeudi

Topo : une stratégie… ambiguë

A la première lecture, la manière de procéder de Noémi peut nous heurter. Celle-ci encourage en effet Ruth à une union avec son parent par alliance, Booz. Ce genre de stratagème existe à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament, pour assurer une descendance. Lot, neveu d’Abraham, eut ainsi deux fils, dont Moab, de sa fille aînée (Gn 19, 32-38). Ruth est une descendante de Moab. Plus tard, Juda aura un enfant de sa belle-fille Tamar (Gn 38,14…). Ici, Ruth joue avec Booz ce que ses aïeules ont fait avec leur père. Cependant la comparaison entre les trois récits montre bien des différences. Ruth agit dans un tout autre esprit et de manière bien différente.

Pour arriver à ses fins, Noémi fait un certain nombre de recommandations. Ruth ne les suit pas entièrement. Elle reste tout à fait libre et droite. On pourrait se demander pourquoi Noémi agit ainsi ou pourquoi elle ne va pas trouver Booz directement pour lui demander d’épouser Ruth. Ces réflexions risqueraient d’engager seulement le travail de notre intelligence. Je me laisse étonner par cet épisode, déplacer peut-être même.

Le livre de Ruth : Chapitre 3, 1-15 à lire ou écouter

Noémi, sa belle-mère, dit à Ruth : « Ma fille, ne devrais-je pas chercher à t’établir pour que tu sois heureuse ? Et maintenant, Booz n’est-il pas notre parent, lui dont tu as suivi les servantes ? Voici que, cette nuit, il vanne lui-même l’orge sur l’aire. Va te baigner, te parfumer et mettre ton manteau. Tu descendras sur l’aire. Ne te fais pas reconnaître de l’homme avant qu’il ait fini de manger et de boire. Quand il sera couché, tu sauras où il se couche. Alors, va, découvre-lui les pieds, et là, tu te coucheras. Lui t’indiquera ce que tu devras faire. » Et Ruth lui répondit : « Tout ce que tu me dis, je le ferai. »

Elle descendit sur l’aire et fit tout ce que sa belle-mère lui avait ordonné. Booz mangea et but. Puis, le cœur content, il alla se coucher contre la meule. Alors, Ruth s’approcha discrètement, découvrit les pieds de Booz et se coucha. Or, au milieu de la nuit, l’homme frissonna, il se tourna pour voir : et voici qu’une femme était couchée à ses pieds ! Il demanda : « Qui es-tu ? » Elle répondit : « C’est moi, Ruth ta servante. Étends sur ta servante le pan de ton manteau, car c’est toi qui as droit de rachat. » Alors, il dit : « Sois bénie du Seigneur, ma fille ! Ce geste d’attachement est encore plus beau que le premier : tu n’as pas recherché les jeunes gens, pauvres ou riches. Et maintenant, ma fille, n’aie pas peur ; tout ce que tu diras, je le ferai pour toi, car tout le monde ici sait que tu es une femme parfaite. C’est vrai que j’ai droit de rachat, mais il existe un plus proche parent que moi qui a droit de rachat.

Passe donc la nuit ici, et demain matin, s’il veut te racheter, eh bien ! qu’il te rachète ! Mais s’il ne le veut pas, c’est moi qui te rachèterai, aussi vrai que le Seigneur est vivant ! Reste couchée jusqu’au matin ! » Elle resta donc couchée à ses pieds jusqu’au matin, mais elle se leva avant qu’on puisse reconnaître qui que ce soit. Car Booz se disait : « Il ne faut pas qu’on apprenne que cette femme est venue sur l’aire. » Il lui dit alors : « Présente le châle que tu portes et tiens-le bien. » Elle le tint donc ; il mesura six mesures d’orge et l’aida à s’en charger. Puis il rentra en ville.

© aelf

3 points : Séduction – Demande – Discrétion

Noémi invite Ruth à user de la séduction. Et tout doit se passer dans le secret, Ruth ne doit pas être reconnue. Je regarde le monde, telle situation, ma vie peut-être. Puis-je y voir certaines manières de procéder identiques ?

Le geste de Ruth est comme une demande en mariage, avec une certaine distance cependant. J’écoute ce dialogue. Je me laisse toucher.

A son tour, Booz reste discret et invente aussi un stratagème pour ne pas être démasqué et mal compris. Quel regard est-ce que je porte sur lui ? Je repense à des événements qui m’ont surpris : comment ai-je réagi ? ai-je cherché à interpréter ou ai-je plutôt accueilli sans juger ?

 

Pour aller plus loin : Un aveugle & un intendant

Marc 8, 22-26 : Jésus guérit un aveugle, en deux temps, en usant de tout ce qu’il est. Cliquez sur ce lien pour entrer dans la méditation.

Luc 16,1-13 : Dans cette parabole de l’intendant avisé, Jésus loue l’intendant car il cherche tous les moyens qui lui semblent aidants pour arriver à ce qu’il veut. Cliquez sur ce lien pour lire ce passage.

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Et ce soir sur le mur…

Sur le mur spirituel, je partage ce soir, une guérison ou un chemin qui s’est ouvert d’une manière inattendue et une perle reçue.