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31ème dimanche Année A

Les pièges du pouvoir


Les références des textes du dimanche
Malachie 1,14-2,2.8-10
Psaume 130
1 Thessaloniciens 2,7-9.13
Matthieu 23,1-12

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire

Encore les scribes et les pharisiens ! Pourquoi une telle insistance de la part de Jésus ? Parce qu’ils occupent "la chaire de Moïse", le libérateur d’Israël, et qu’ils en profitent pour asservir le peuple. Au lieu d’ouvrir le passage de la servitude à la liberté, ils font passer le peuple de la liberté à un nouvel esclavage. La Loi est utilisée pour charger les épaules des gens d’un fardeau encore plus pesant que celui dont ils ont été accablés en Égypte. Un Exode à l’envers ! L’Évangile est Bonne Nouvelle de libération, non cahier de charges supplémentaires. À partir de ces charges, les scribes et les pharisiens établissent leur pouvoir et édifient leur prestige. Bien sûr, cette volonté de dominer, d’être "considéré", de surpasser n’est pas le propre des pharisiens et des scribes. Elle sévit en toute société et même parfois au sein des familles. Nous pouvons la découvrir en nous-mêmes. Sans angoisse d’ailleurs, car en prendre conscience est déjà la surmonter. Ainsi, à propos des chefs d’Israël, Jésus dénonce un mal universel. Ce mal est l’expression, le visage du contraire de l’Évangile : se faire aimer plutôt qu’aimer, se faire servir au lieu de servir. Dans la foi, le plus grand est celui qui sert, le dernier devient le premier. Tout cela, Jésus ne se contente pas de le "prêcher" : il le vit, et ce choix de la place du serviteur commande tout ce qu’il fait et tout ce qui lui arrive (relire Philippiens 2,5-11). Être Fils de Dieu, c’est cela. Bien entendu, cet itinéraire qui le conduit à donner sa vie peut s’appeler "amour". Ainsi, il est la parfaite manifestation de ce que nous appelons "Dieu". Nous le rejoignons dans cette condition filiale quand nous recopions, d’une façon ou d’une autre, son itinéraire. Son Esprit nous est donné pour que nous puissions être animés du même amour. Il ne s’agit donc pas de faire des efforts, mais d’accueillir le don de Dieu.

Le plus grand : celui qui sert
Au fond, la volonté de dominer provient du manque de foi. Nous pouvons être habités par une inquiétude plus ou moins consciente, une peur de ne pas être, de ne pas être assez. Alors nous ne construisons pas notre vie sur l’amour qui nous fait être, mais sur la considération que d’autres nous témoignent. Rechercher ce culte revient à prendre la place de Dieu. D’un faux Dieu d’ailleurs, car le vrai Dieu passe de la situation de celui qui domine à la condition de celui qui sert. C’est en empruntant nous-mêmes ce chemin que nous devenons semblables à Dieu, images du vrai Dieu. La seule domination qui peut nous faire exister, nous avons à l’exercer sur notre animalité, sur notre volonté de puissance. Faire exister les autres, voilà ce qui nous construit à l’image divine. Paradoxe : nous devenons nous-mêmes en sortant de nous pour donner lieu aux autres. C’est bien ce que signifie la "Trinité" : le Père n’est lui-même qu’en engendrant le Fils. C’est par celui-ci qu’il est ce qu’il est. Or voici que, par son Esprit, nous participons à la filiation du Fils, nous sommes son Corps. C’est donc aussi par nous, par le fait que nous sommes là, que Dieu est ce qu’il est. Celui qui est. Ce "nous" nous désigne tous ensemble, dans l’unité qui recopie l’unité divine et par co1nséquent ne tolère pas de hiérarchie, de supérieurs et d’inférieurs : "Vous êtes tous frères", nous dit Jésus. L’Écriture l’appelle "Fils unique", ou "Fils aîné", parce qu’il nous contient tous : "Tout est créé par lui et pour lui" (Colossiens 1,16). Quand un enseignant humain nous instruit, c’est le Christ qui nous instruit par lui, et ce frère n’a qu’un but : nous faire parvenir à l’égalité avec lui par la communication de toute sa science, une science qui lui vient d’ailleurs.