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La Trinité : un mystère


Les références des textes de ce dimanche
Proverbes 8,22-31
Psaume 8
Romains 5,1-5
Jean 16,12-15

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Quelle audace ont eue les premiers chrétiens d'affirmer que Dieu est à la fois un et trois ! Pourquoi ce défi à l'intelligence humaine ? C'est que, dans les évangiles, Jésus nous parle du Père, du Fils, de l'Esprit. Il les distingue mais, dans saint Jean surtout, il dit qu'ils sont l'un dans l'autre, chacun dans les autres. La foi en la Trinité est d'abord obéissance à l'Écriture. À vrai dire, l'Écriture ne dit jamais « ils sont trois », ou « Il est trois ». L'Écriture ne compte pas : pas d'arithmétique à propos des « personnes divines », le terme de « personne » étant d'ailleurs absent lui aussi à ce propos. À partir du Père, du Fils et de l'Esprit nommés dans le Nouveau Testament, les chrétiens ont construit tout un édifice dogmatique, intellectuel, marqué par le contexte culturel et philosophique de l'époque de sa conception. Chemin laborieux, à travers fausses pistes et culs de sac. Les conciles ont fini par se mettre d'accord sur : « une seule nature divine et trois personnes », formule évidemment faite de mots empruntés à l'expérience du monde créé. Elle veut dire qu'il n'y a qu'un seul Dieu, mais que le Père, le Fils, l'Esprit ne désignent pas seulement des aspects divers d'une même réalité, des « casquettes » dont Dieu se coifferait selon son action en faveur des hommes : Père en tant que créateur, Fils en tant que sauveur, Esprit en tant qu'inspirateur. Pour la foi, il s'agit de trois « sujets » (au sens grammatical du mot) constitués d'une « substance » unique. Avouons-le, c'est pour nous incompréhensible, et c'est normal : nous ne pouvons pas enfermer Dieu dans nos concepts. Reconnaissons d'ailleurs qu'il nous est aussi impossible de « faire le tour » d'une personne humaine.

 

Dieu est amour…
Curieusement, le mot « Amour » est absent des définitions conciliaires et des Credos qui en proviennent, alors que pour le Nouveau Testament il est la définition même de Dieu. Ne nous y trompons pas, quand nous disons « Dieu est amour », il s'agit encore d'une analogie avec notre expérience humaine : l'Amour qui est Dieu nous échappe et nous dépasse, mais l'amour entre nous en est une « image et ressemblance ». Dieu est un par l'amour qui le constitue, qui est sa substance, mais cet amour, Dieu, ne pourrait exister s'il était solitude : pour qu'il y ait amour, il faut qu'il y ait l'autre, un autre. Le Père n'est Père que par l'existence de son Fils. Comme il n'est « que Père », sans le Fils il n'existerait pas. Amour, Dieu est diffusion de soi et cela va jusqu'à la création de ces « autres » que sont les hommes. Ceux-ci imitent la nature divine car nous n'existons qu'en relation à ce qui n'est pas nous : les éléments qui constiuent ma chair me viennent des animaux et végétaux dont je me nourris, mon ADN me vient de mes ancêtres ; mes connaissances m'ont été transmises par mes parents, mes enseignants, mes lectures ; la langue que je parle est un héritage ; ma foi me vient par l'Écriture, transmise par le Peuple de Dieu. Et je ne deviens moi-même que par l'amour qui me fait donner à d'autres ce que j'ai reçu et qui me constitue. Je me reçois et je me donne : ainsi je suis image de Dieu. Ce mouvement d'échange, je peux le nommer Esprit. Il m'est donné pour que par lui je me construise image et ressemblance.

 

Dieu est don de soi
Il ressort de tout cela que nous ne devons jamais voir Dieu à travers l'image d'un roi siégeant sur son trône, même flanqué d'un fils. Pas davantage comme l'association de trois personnages d'origine différente. Répétons-le, il est échange, relation, passage à l'autre. Sa « substance », c'est cela. Au commencement, dit Jean, il y a la Parole. Au commencement, à la base de tout. La parole est bien passage de l'un à l'autre pour « l'informer », lui donner forme, et la forme donnée est encore l'échange. Immense rotation qui déborde toute limite et s'épanche en images et ressemblances qui ne peuvent exister qu'en « suivant le mouvement ». Ce passage de soi en l'autre par lequel chacun existe, nous pouvons l'appeler Amour, car il est volonté que l'autre existe. C'est par cette volonté et ce don de soi, ce passage de soi en l'autre, que chacun existe. Je ne suis que ce que je donne et il n'y a pas de Père préexistant au Fils. Le Christ ne devient totalement lui-même que le jour ou il nous donne sa vie pour nous faire vivre, en se remettant aussi totalement au Père dont il se reçoit. Et, dit Jean, il émet l'Esprit, le livre au monde. La Passion est révélation trinitaire. Nous n'avons donc pas de définition de la Trinité qui tienne la route mais nous en avons une démonstration « pascale ». C'est pour cela que le Corps du Christ, au singulier, est désormais pluriel. Il est « assemblée » (Église). L'unité de Dieu n'est visible sur la terre que par l'unité des hommes. Nous sommes loin du compte et c'est aussi pour cela que nous ne voyons pas encore Dieu tel qu'il est (1 Jean 3,1-2). En attendant, nous ouvrir aux autres, quels qu'ils soient, c'est nous ouvrir à Dieu et lui devenir semblable.


Evangile selon saint-Jean (16, 12-15)
À l"heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « J"aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l"instant vous n"avez pas la force de les porter.
Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

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