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26 septembre 2010 - 26ème dimanche ordinaire- Année C

Un pauvre nommé Lazare


Les références des textes de ce dimanche
Amos 6,1.4-7
Psaume 145
1 Timothée 6,11-16
Luc 16,19-31

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Remarquons que le pauvre qui se trouve à la porte du riche porte un nom : « un pauvre nommé Lazare ». Il s'agit d'une personne humaine, non d'un personnage abstrait. Le riche, lui, est ici anonyme : il représente plutôt une catégorie sociale. Cela renverse les perspectives habituelles : nous sommes dans un monde où ceux qui ont réussi « portent un nom », un nom que l'on va jusqu'à donner à des propriétés, des immeubles, des rues. Les autres sont « la main-d'oeuvre », les SDF, les salariés, etc. Dans la parabole, le pauvre nommé Lazare se situe encore au-dessous : il a même renoncé à faire la manche. Seuls les chiens s'occupent de lui, mais ce sont eux qui mangent probablement ce qui tombe de la table du riche. Nos sociétés, certes organisées par des gens à leur aise, ont fait des progrès par rapport à ce que décrit la parabole, qui porte sur une situation particulière, d'ailleurs encore très présente chez nous à l'heure actuelle. Ne nous pressons pas de la situer dans l'abstrait, hors de certains de nos comportements. Dépassons les images fortes utilisées par l'Evangile pour en découvrir la substance dans nos propres vies. Remarquons aussi que Jésus parle du riche en premier : en fin de compte, c'est sur lui que porte la parabole. Avec Abraham, il est le seul à prendre la parole et à recevoir une réponse ; il occupe tout le terrain après les quatre premiers versets. S'agit-il de le critiquer ? Plutôt de venir en aide à tous ceux qu'il représente. Jésus prend en pitié tous ceux qui négligent de prendre les Lazare en pitié. Il vient à leur secours pour les faire changer d'attitude. L'amour dont ils feront preuve pour le pauvre leur permettra, à leur tour, d'être aimés. Le « sein d'Abraham », c'est cela.

 

"C'est ton tour de souffrir…"
Une parabole ne supporte pas une lecture littérale du détail. La réponse d'Abraham au riche maintenant en proie à la torture pourrait nous faire croire que la souffrance est nécessaire à ce que nous appelons le salut : Lazare a souffert sur terre, maintenant c'est au tour du riche d'en passer par là. Le comportement du Christ nous invite à corriger cette manière de voir : partout où il passe, il guérit les malades. Il n'est pas sans signification qu'il ait pris parmi nous la figure d'un thérapeute. Dieu est ennemi de ce qui fait du mal aux hommes et qui vient de notre imprévoyance, de notre imprudence ou, pour le pire, de notre perversité. Ce mal, il finit par l'épouser, jusqu'à en mourir, pour nous en libérer. Dans notre parabole, ce qui rend le riche coupable, ce n'est pas de ne pas avoir souffert, mais de ne pas s'être porté au secours de la souffrance de Lazare. Par là, il s'est placé hors de l'amour, qui seul pouvait le sauver. Maintenant, c'est lui qui demande le secours de Lazare ; une goutte d'eau pour rafraîchir sa langue. Pas grand-chose, mais il est désormais impossible de franchir la distance, le « grand abîme » qu'il a lui-même créé. Redoutable pouvoir de la liberté humaine. Dieu n'est donc pas responsable de nos souffrances. Depuis toujours, la gestion de la nature et de nos sociétés nous est confiée. En créant l'homme, Dieu a perdu sa « toute-puissance ». Et pourtant il la récupère, en faisant du pire que nous puissions commettre, récapitulé dans la crucifixion du juste, la source du meilleur. Une parabole ne dit pas tout : d'autres textes nous diront que la relégation du riche dans la fournaise est ce qui devrait se passer normalement, mais que Dieu nous fait aller au-delà.

 

Croire l'incroyable
A partir du verset 27, le texte bifurque pour déboucher sur la question de la foi et c'est probablement là la fine pointe de la parabole. Au fond, si le riche ne s'est pas occupé de Lazare, s'il s'est évadé dans l'ivresse de repas somptueux, c'est parce qu'il n'a pas la foi. Moïse et les prophètes étant pour lui lettre morte, il s'étourdit dans le faste. Même si nous n'en sommes pas tout à fait là, interrogeons-nous sur le sens de nos multiples « distractions ». Elles peuvent parfois devenir des alibis pour nous faire échapper à l'essentiel. Elles sont alors des signes du vide inhabité de notre esprit. Le riche demande donc que Lazare reprenne vie dans le monde de nos sens pour révéler à ses frères la vanité de leur manière de vivre. En d'autres termes, ils accéderont à la foi s'ils voient un mort rendu à la vie. Une fois de plus, voici donc le couple voir-croire, si fréquent dans l'évangile de Jean. Paul dira que la foi vient par l'audition, non par la vue (Romains 10,17). Écouter en effet la parole d'un autre revient en quelque sorte à le laisser pénétrer en soi, alors que la vue le laisse à l'extérieur. L'échange de paroles est à la racine de toute relation. Irremplaçable. Même la vue d'un homme ressuscité ne peut en tenir lieu. Le Christ ressuscitera, mais cette résurrection ne pourra faire naître la foi que par adhésion à la parole de quelques témoins. Ajouter foi à leur témoignage peut constituer une difficulté supplémentaire. Croire l'incroyable, tel est le défi qui nous est proposé. Cette foi n'est autre que la certitude de la présence et de l'action en nous et dans le monde d'un Amour infini. Cet amour que le riche devrait laisser agir en lui dans son comportement envers Lazare