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Un berger pas comme les autres


Les références des textes de ce dimanche
Actes 13,14.43-52
Psaume 99
Apocalypse 7,9.14-17
Jean 10,27-30

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Le thème du berger remonte loin dans l'Écriture. Le premier berger que nous y rencontrons est Abel, le pasteur agréable à Dieu et mis à mort pour cela. La figure centrale est David, que Dieu est allé chercher derrière la queue des brebis pour en faire le pasteur de son peuple Israël (Psaume 78, 70…). À partir de là, le personnage royal est souvent décrit sous les traits du pasteur. Avouons que la métaphore du berger ne nous parle plus beaucoup : nous n'appartenons plus depuis longtemps à une civilisation d'éleveurs nomades. De plus, le côté grégaire de cette image ne nous enchante pas. Nous avons tous en mémoire les moutons de Panurge du Quart Livre de Rabelais. Au-delà de tous les personnages pourvus de pouvoirs, le pasteur par excellence est Dieu lui-même, comme le chante le Psaume 23. Or dès qu'une réalité humaine sert à dire Dieu, les mots changent de sens. Le Christ pasteur, au lieu de vivre de son troupeau comme tous les bergers du monde, se fait la nourriture de ceux qui croient en lui. Nous abordons là une question fondamentale : puisque Dieu nous fait exister à son image, cette image humaine lui ressemble. Pour une part, ce qu'il crée dit ce qu'il est. Oui, mais il faut tout de suite ajouter qu'en Dieu, ces réalités dépassent infiniment tout ce dont nous avons l'expérience. Pour nous, elles sont « mystère ». Ainsi quand nous disons que Dieu est « Père », ou que le « Fils » est  Dieu. N'oublions pas cela quand nous parlons du « Christ-roi », ou du « Christ-pasteur ».

L'agneau sera leur pasteur
Pour confirmer ce qui vient d'être dit, notons qu'au verset 2 de ce chapitre 10, le pasteur est celui qui entre dans la bergerie par la porte et, par cette même porte, fait sortir les brebis. Or, au verset 7, ce pasteur est devenu la porte elle-même. Dans notre 2e lecture, c'est l'agneau qui devient pasteur. Et avez-vous essayé de blanchir vos vêtements en les lavant dans du sang ? Tout se passe comme si les réalités utilisées par la parabole se trouvaient transformées en leur contraire. Ainsi, Jésus nous dit que le Seigneur ne se fait Seigneur qu'en se faisant serviteur. Allons jusqu'au bout : c'est en accueillant la mort que nous entrons dans la vie ou, si l'on veut, la mort est condamnée à produire son contraire, la vie. En deçà du dernier jour de notre existence actuelle, il y a bien des manières de
« mourir à soi-même », par exemple en faisant taire notre manière de voir immédiate, spontanée, pour laisser à l'autre l'espace qui lui est nécessaire pour vivre. Un couple ne peut réussir sa vie commune qu'en passant par là. Ce qui provoque ce passage du berger en son contraire, l'agneau, c'est évidemment l'amour, autre nom de ce Dieu qui réconcilie les contraires, puisqu'il est à la fois Un et multiple. Ce n'est pas par hasard que notre évangile se termine par cette affirmation de Jésus : « Le Père et moi (cela fait deux) nous sommes Un (l'Unique). » L'Amour nous conduit où nous ne voulions pas aller (commentaire précédent) et nous fait devenir ce que nous n'étions pas. En fin de compte, ce qui nous attend, ce que nous attendons, c'est la pénitude de la vie, c'est-à-dire notre entrée dans l'unité de Dieu. Cela implique que nous soyons en route : non pas ancrés dans des certitudes immuables, mais ouverts à celui qui, sans cesse, vient à nous.

L'agneau sera seigneur
Celui qui accepte de passer du statut de détenteur de l'aurorité à celui de « serviteur » ne connaît pas une diminution ou une altération de ce que l'on peut appeler sa valeur. Au contraire, c'est au moment où il accepte de donner quelque chose de lui-même pour faire exister l'autre qu'il se fait créateur, qu'il se fait semblable à Dieu et entre dans l'intimité divine. Ainsi, en un certain sens, c'est celui qui se veut « serviteur » qui devient « Seigneur ». Dans notre 2e lecture, celui qui a donné sa vie en se faisant agneau se tient « au milieu du Trône ». Encore un renversement : cet agneau glorifié et assis sur le trône se trouve au milieu de ceux qui ont faim et soif. Il les habite et son Trône, c'est eux. Ce Dieu en nous est au travail pour nous faire parcourir le chemin qu'il a lui-même suivi, le chemin du don de soi qui nous conduit « vers les eaux de la source de vie » (2e lecture). N'allons pas croire qu'il nous faut faire pour cela des efforts « moraux » considérables. Il suffit de nous ouvrir pour accueillir ce qui nous vient d'ailleurs et sortir hors de nos murailles défensives. Au fond, cela revient à choisir de vivre en liberté, bien conscients du fait que beaucoup des choix qui nous tentent, loin d'illustrer cette liberté, ne pourraient que nous asservir. Des auteurs anciens ont appelé cela « abandon à la Providence ». Sans oublier que cet abandon est intimement lié à un immense désir qui, en fin de compte, n'est autre que le désir de vivre. Avec cette certitude : rien ni personne ne peut nous arracher à la main créatrice du Père, main qui n'est autre que la main du Christ (versets 28 et 29). Le Christ connaît personnellement chacune de ses « brebis » et aucune ne périra. « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer » (Psaume 23). Quoi qu'il nous arrive.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger). » Il leur dit encore : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

 

 

 

 

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