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22 août 2010 - 21ème dimanche ordinaire- Année C

Combien de "sauvés" ?


Les références des textes de ce dimanche
Isaïe 66,18-21
Psaume 116
Hébreux 12,5-7.11-13
Luc 13,22-30.

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

              Deux lignes courent en parallèle dans les Écritures : tantôt on nous dit ou on nous laisse entendre que tous les hommes sont « sauvés », tantôt on nous parle d'un jugement qui séparera les « bons et les mauvais ». Selon la première ligne, nous lisons que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, c'est-à-dire arrachés à la mort et au néant pour vivre de la vie de Dieu. À ce dossier, il faut verser la Parabole du fils prodigue, qui revient lui-même vers son père mais pour de mauvaises raisons. Par contre, la brebis perdue ne prend pas l'initiative du retour ; c'est le berger qui se met en route pour la rechercher. Elle est aussi passive que la pièce de monnaie qui donne tant de joie à la femme, ici figure de Dieu, quand elle la retrouve. Jésus priera pour ceux qui le crucifient… Selon la seconde ligne, contentons-nous de renvoyer à Matthieu 25, avec la séparation des boucs et des brebis. Pour concilier ces deux lignes, rappelons la conclusion de l'histoire du riche notable (Luc 18 et Matthieu 19). Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux. Et Jésus d'ajouter que ce qui est impossible pour l'homme est possible pour Dieu qui, par conséquent, peut finalement faire entrer dans le Royaume celui qui ne le mérite pas. Mais alors, que signifie le thème du jugement ? Pour ma part, je pense que Dieu vient trier ce qui en chacun de nous est bon et mauvais.
Le jugement nous libère de ce qui en nous n'est pas image de Dieu, de ce qui nous empêche d'exister en vérité. Alors, y aura-t-il peu de « sauvés » ?

 

Entrer dans la Vie de Dieu
La réponse de Jésus peut surprendre. D'abord, il répond par un pluriel : « Efforcez-vous d'entrer ». On aurait attendu une réponse personnelle à celui qui posait la question, par exemple « toi, efforce-toi d'entrer ». Autrement dit, ne t'occupe pas de cela, ce qui est important pour toi, c'est que toi tu entres par la porte étroite… En répondant au pluriel, Jésus dit quelque chose qui concerne tout le monde.
Quoi donc ? La question qui lui a été posée est au passif : être sauvé, c'est recevoir. Jésus renverse la question : « Être sauvé » devient « sauve-toi », comme si le salut ne dépendait pas de Dieu mais de celui qui cherche ou non la porte de la vie. Comprenons que le salut est donné à tout le monde. Dieu n'en exclut personne, mais nous l'acceptons ou ne l'acceptons pas. « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un écoute ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui et nous mangerons ensemble, moi avec lui, lui avec moi » (Apocalypse 3,20). Notre passage à Dieu répond à son passage en nous, dans le Christ. À nous d'ouvrir la porte. Dieu ne peut rien faire pour nous sans l'acquiescement, souvent inconscient, de notre liberté. Mais comment trouver cette porte étroite ? En Jean 10, nous retrouvons, amplement développé, le thème de la porte. À partir du verset 7, Jésus en vient à révéler qu'il est lui-même la porte et que ceux qui « entreront par lui » (dans la vie de Dieu) seront sauvés. Mais que signifie « passer par lui » ?

 

En route pour Jérusalem
Au chapitre 9 de Luc, nous avons lu que Jésus s'était mis résolument en route pour Jérusalem. « Résolument », parce qu'il sait ce qui l'attend dans la ville « qui tue les prophètes ». Régulièrement, l'évangéliste nous rappelle cette destination et cela donne à tout ce qui se passe et se dit en ces pages une coloration pascale. La crucifixion, voilà la porte étroite que le Christ franchit le premier, au nom de tous. En fait, il est lui-même, crucifié, cette porte étroite. D'abord en surmontant le réflexe de refus qui nous visite en découvrant que la vérité de Dieu passe par là. Folie pour les païens, scandale pour les juifs, dira Paul. « Je ne comprends pas cela », ai-je souvent entendu dire. Il ne s'agit pas d'abord de comprendre, mais de regarder celui que nous avons transpercé. Ne pas détourner les yeux, prendre conscience. Passer par la porte, c'est déjà ce regard, jusqu'à ce que nous empruntions nous-mêmes le chemin que, par nos défaillances et nos perversités, nous lui avons imposé. Cette porte est vraiment étroite ; mais c'est la seule. C'est seulement en lui devenant semblables que nous pouvons devenir « images du Dieu invisible » et parvenir à la Vie.
Il n'est pas suffisant de l'avoir entendu « enseigner sur nos places » – traduisons : d'avoir entendu tous les dimanches la lecture de l'évangile – pour être « reconnus ». Il faut encore que nous soyons avec lui quand il donne sa vie pour nous faire vivre. Ce don de nous-mêmes ne passe pas forcément par la violence subie. Accepter déjà que les autres, à commencer par nos proches, soient différents de nous, les aimer tels qu'ils sont, nous fait passer par la porte étroite. Il y faut une mort à soi-même qui nous fait entrer dans la Vie de Dieu.

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Père Marcel Domergue, jésuite
2010