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21 novembre 2010 - fête du Christ, Roi de l'univers- Année C

La royauté de Dieu, une métaphore

Les références des textes de ce dimanche

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire

Passons sur le fait que « Christ-Roi » est un pléonasme : Le mot "Christ" désigne en effet celui qui a reçu l'onction royale, celle dont il est question à la fin de la première lecture. Innombrables les textes qui nous parlent de la royauté de Dieu, par exemple le psaume 95 qui nous dit que Dieu est « le grand roi au-dessus de tous les dieux », ou le psaume 97 dont les premiers mots sont : « Le Seigneur est roi ». C'est que, parmi les personnages de la terre, on ne connaît alors personne de plus puissant que le roi. Il est le seul dont la volonté s'impose sans discussion possible. On va très loin dans la métaphore : on se représente Dieu assis sur son trône, servi par une multitude de subalternes célestes. Il est « au-dessus de tout » et de tous. Nous avons du mal à dépasser cette métaphore, tant il est important de reconnaître que la « loi » divine, la loi d'amour, doit être préférée à toute décision des pouvoirs humains.
Cette « royauté » de Dieu s'exprime, prend forme, dans le Christ, dans ce « Verbe de Dieu », cette Parole créatrice qui, à l'oeuvre depuis toujours, fait pour ainsi dire surface en Jésus. Avec lui la royauté de Dieu, son Royaume, est parmi nous, en nous. Secrètement, elle travaille l'humanité pour parvenir à sa plénitude à la fin des temps, au-delà du temps, au-delà de l'histoire. En attendant, il est au travail en nous et entre nous. En gestation. On est loin du souverain siégeant sur son trône. Dieu est Esprit et le Christ, devenu « corps spirituel », n'exerce pas une autorité comparable à celle des souverains de ce monde. D'ailleurs, dans les évangiles, nous ne voyons jamais Jésus, visibilité du Dieu invisible, forcer la main de qui que ce soit. Par contre, abondent les « si tu veux… » et les « celui qui veut… »

 

La "Toute-Puissance"
Le thème de la royauté de Dieu, et par suite du Christ, est lié à celui de la toute-puissance. Le problème est que beaucoup de chrétiens imaginent que tout ce qui se produit dans le monde et dans leur vie est le résultat d'une intervention divine. Le thème de la
«divine providence » n'échappe pas toujours à cette méprise. Bien sûr que Dieu est là, avec nous, en tout ce que nous avons à vivre, mais le monde a été confié à l'homme. Dieu s'est en quelque sorte dessaisi de l'exercice de sa toute-puissance et répond à notre prière en nous donnant l'Esprit, pour que nous puissions gérer au mieux ce qui s'impose à nous (voir Luc 11,9-13). Ainsi s'établit le règne du Christ. Un règne, dit Jésus à Pilate en saint Jean, qui n'est pas de ce monde, un monde qui fonctionne selon sa logique propre, au jeu des libertés humaines. Pour le meilleur ou pour le pire. Pas de ce monde, pas sur ce monde. Cette impuissance du Christ éclate dans les sarcasmes dont il est accablé alors qu'il souffre et meurt sur la Croix. Et c'est là que se produit le renversement fondamental qui gouverne nos existences : parce que Jésus domine, en les accueillant en toute liberté, ces souffrances et cette mort, la Croix devient le trône de sa toute-puissance. Par elle, comme le répète l'Évangile selon saint Jean, il est « élevé de terre », et désormais se tourneront vers lui les regards de ceux qui l'ont transpercé. Nuançons ce qui vient d'être dit : par Jésus et son existence historique, Dieu est bien intervenu dans le monde. Et, en fin de compte, avec toute-puissance. Cette toute-puissance s'exerce là où elle se trouve le plus démentie : c'est en sa mort que le Christ l'exerce au grand jour. Elle se révèle par sa victoire sur le pire, sa victoire sur la mort, le « dernier ennemi » (1 Corinthiens 15,25-26). La Résurrection est déjà là.

 

    Père Marcel Domergue, jésuite
2010