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Silence à propos du Messie


Les références des textes de ce dimanche
Zacharie 12,10-11
Psaume 62
Galates 3,26-29
Luc 9,18-24

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Le passage d'évangile que nous lisons aujourd'hui se situe entre la multiplication des pains, préfiguration du dernier repas, et la Transfiguration où Jésus discutera avec Moïse et Élie de « l'exode qu'il doit accomplir à Jérusalem ». De fait, au verset 51 du même chapitre, nous le verrons « prendre résolument la route de Jérusalem » où il sera crucifié. C'est dire que notre lecture, qui comporte la première annonce de la Passion, se situe à un tournant de l'Évangile de Luc. Avant ce dernier voyage, Jésus va informer ses disciples de ce qui l'attend et les attend. Encore une fois surgit la question : « Qui suis-je ? ». La réponse de Pierre est ambiguë : en effet, le Messie est considéré comme « fils de David », héritier de sa royauté et de sa gloire. David est célèbre pour ses exploits guerriers et l'installation du peuple élu à Jérusalem. Pour la majorité des disciples de Jésus, le Messie libérera Jérusalem de la domination romaine. Les apôtres lui demanderont, après la Résurrection, si c'est « en ce temps-ci qu'il va rétablir le Royaume en faveur d'Israël » (Actes 1,6). Méprise sur le Royaume et sur le Messie. Nous commettons une erreur comparable quand nous attendons de Dieu qu'il nous délivre des tremblements de terre, des épidémies, des guerres. Tout cela est remis entre nos mains : à nous de prévoir et de remédier. Le Christ, lui, va venir nous rejoindre, venir avec nous, dans le pire qui puisse nous arriver. Et il nous en fera sortir pour entrer dans une vie et un univers que nous sommes incapables d'imaginer. Si Jésus ne veut pas qu'on aille répéter qu'il est le Messie, c'est à cause de la méprise quasi générale sur le sens de ce mot et de la mission de ce « Messie ». Et sur son identité profonde : ce fils de David devra être reconnu Fils de Dieu.


Jusqu'au bout, Dieu avec nous
Fils de David, Fils de Dieu, Jésus, dans notre évangile, parle de luimême en utilisant l'expression « Fils de l'homme ». Le Christ s'est inséré dans une lignée humaine. Ainsi, Dieu et l'humanité ne font qu'un. Fruit de l'humanité, homme par excellence, il est en même temps expression parfaite de Dieu, « l'icône du Dieu invisible », comme dit Paul (Colossiens 1,15). Disons que par et dans le Christ, Dieu épouse le destin de l'homme jusqu'au bout. Ce « bout », c'est le rejet hors de l'humanité que tant d'hommes subissent. Certains, comme on dit, ne l'ont pas volé, ou du moins ont fourni prétexte à cette exclusion. Le Christ va plus loin : c'est sans raison qu'il est « supprimé ». Avec lui, c'est le juste intégral, le juste de la justice de Dieu, qui subit le sort de l'injuste. Ainsi s'accomplit la souveraine injustice, l'excès indépassable de ce que nous appelons le « péché », qui revient à détruire en nous et dans les autres l'image, « l'icône » de Dieu. Cette culmination du péché va se heurter à la culmination de l'amour. Haï sans raison, c'est sans raison que le Christ va aimer au point de donner ce qu'on veut lui prendre, sa vie. Le geste de la lui prendre sera donc en quelque sorte désamorcé : on n'a pas besoin de s'emparer de ce que l'on vous donne. En Genèse 3, l'être humain tente de s'emparer de « l'être comme Dieu » alors que cela lui était donné quand Dieu l'avait créé « à son image et ressemblance » (Genèse 1). Jésus annonce donc à ses disciples qu'il va rejoindre l'homme en son ultime détresse. Où que nous allions, même dans la pire déchéance, le Christ reste l'Emmanuel, Dieu-avec-nous.


Vivre, c'est donner sa vie
On l'aura compris, point n'est besoin des métaphores sacrificielles et victimaires pour entrer dans la compréhension de la Pâque du Christ. « Entrer », simplement : nous ne viendrons jamais à bout de ce mystère. L'amour absolu nous dépasse, car nos amours divers ne vont jamais jusque-là. Pourtant, Jésus nous invite à le rejoindre dans le don de la vie : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il prenne sa croix chaque jour et qu'il me suive… » Chaque jour, dit Jésus. Cette précision nous fait comprendre qu'il ne s'agit pas forcément de s'offrir à une mort violente : on ne peut être tué « chaque jour ». Mais, chaque jour, nous pouvons vivre pour les autres, consacrer notre intelligence et nos forces à les faire exister et même simplement à leur faciliter l'existence. Nous avons quelque répugnance à admettre cela, à le considérer autrement que comme des paroles pieuses et bien-pensantes. Et pourtant, c'est quand nous nous oublions pour faire vivre les autres que nous commençons à exister : le Père ne devient père, ne devient lui-même que par la génération d'un autre, son Fils. Jésus nous dit que garder sa vie pour soi, tourner en rond en soi-même équivaut à un suicide. Sortir de soi pour aller vers les autres est une libération. On a répété que nous n'existons que par relations. Tout dépend de la qualité de notre manière de nous relier. Le sommet de la relation, la relation par excellence, est l'amour. Ne passons pas notre temps à nous examiner pour savoir s'il y a vraiment de l'amour dans nos vies : cela revient, une fois de plus, à nous enfermer en nous-mêmes. Pensons plutôt aux autres. C'est cela, « perdre sa vie pour le Christ ». Et voici, déjà, la Résurrection.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un prophète d'autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. »
Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. »

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