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L'Évangile recommence


Les références des textes de ce dimanche
Actes 5,27-32.40-41
Psaume 29
Apocalypse 5,11-14
Jean 21,1-19

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

L'Évangile selon Jean se termine aux dernières lignes du chapitre 20. Dans le chapitre 21, que nous lisons aujourd'hui, on retrouve bien des expressions qui rappellent d'autres évangélistes, comme si ce texte venait récapituler tout le recueil et en dire le dernier mot. Et de fait, tout recommence : une liste des disciples qui reproduit pratiquement celle des récits de l'appel initial ; une « pêche miraculeuse », etc. Voici les disciples revenus au point de départ, avant leur rencontre du Christ. Désoeuvrés, après ces trois ans mouvementés, ils reviennent à leur métier d'autrefois. Et de nouveau, c'est la déception de la pêche nulle. Cette vie-là, qu'ils ont autrefois quittée et vers laquelle ils reviennent, se déroule sous le signe de la stérilité. C'est alors qu'ils entendent une parole venue d'ailleurs, de cette silhouette debout dans la lumière du soleil levant, de la renaissance du jour au sein des ténèbres. Jésus leur fait d'abord prendre conscience de la vanité de leurs efforts en leur demandant s'ils ont « quelque chose à manger » (et non « un peu de poisson » comme dans la version liturgique). Manger ou ne pas manger est un thème central de l'Écriture, depuis Genèse 1. On le retrouve partout, jusqu'au moment où Dieu, par le Christ, se révélera vraie nourriture de l'homme. Et voici la pêche « miraculeuse ». Ils accueillent la Parole et la stérilité devient surabondance. En Luc 5, le filet se rompait maintenant il est devenu solide. Veut-on nous dire que le premier engagement des disciples souffrait d'une fragilité qui se manifestera à la Passion et sera surmontée à la Résurrection ? Il serait stupide de déduire de tout cela qu'une vie professionnelle « ordinaire » est sans valeur. Le « profane » aussi est à vivre dans la lumière du Christ.

Le pain et le poisson
Tout recommence, mais tout est changé : nous revivons tout dans la lumière pascale. Ces hommes ont pris le poisson, mais c'est Jésus qui le leur donne. Les réussites humaines, quand elles sont authentiques, on toujours le Christ à leur source. Cette distribution de nourriture est un geste qui annonce l'eucharistie ou, à l'époque où écrit l'évangéliste, y fait allusion : le pain et le poisson représentent le Christ, dans les communautés primitives. Les disciples d'Emmaüs avaient reconnu Jésus à la fraction du pain ; ici les pêcheurs n'osent pas lui demander qui il est, « car ils savent bien que c'est le Seigneur ». Ils le devinent, mais ils ne le reconnaissent pas. Désormais il nous rejoindra, et même nous habitera, sans que nous puissions l'identifier formellement. Nous voici invités une fois de plus à croire sans voir. Souvenons-nous du « c'est à moi que vous l'avez fait » de Matthieu 25. Le voici avec nous sous le visage de l'inconnu. Toute rencontre avec cet inconnu est nourrissante ; elle est un don de vie, pain et poisson. D'autant plus que nous sommes alors appelés à donner, à nous donner. Don et accueil s'échangent : Jésus a donné la pêche miraculeuse, mais ce sont les disciples qui ont dû jeter le filet, le remonter à bord, remorquer la barque jusqu'au rivage, décharger le poisson. Ensuite, ils passent à table, invités à manger du pain et des poissons qui étaient déjà là, à cuire, venus de l'ailleurs de Dieu, avant qu'ils ne débarquent. Les hommes et Dieu, inclus dans le Christ par l'Incarnation, accomplissent l'oeuvre unique. C'est l'Alliance.

« Suis-moi »
Recommencement, avons-nous dit : Pierre se voit appelé à un nouvel avenir. En Luc 5, il lui avait été annoncé qu'il serait « pêcheur d'hommes ». Maintenant il est déclaré « pasteur des brebis ». Ces deux appellations ou fonctions ne sont pas équivalentes : le pêcheur prend le poisson et en vit, alors que le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Notre évangile est à lire en parallèle avec Jean 10 (le bon pasteur) et Jean 6 (le pain de vie). Notons que Pierre n'avait, jusqu'ici, jamais été déclaré pasteur du troupeau. C'est qu'avant la Pâque, il refusait la perspective du passage de Jésus par la mort (Matthieu 16,22). En fin de compte, c'était sa propre vie qu'il voulait protéger, comme son comportement pendant la Passion le lui révélera. Il va devoir maintenant compenser, si l'on peut dire, son triple reniement, par une triple affirmation d'amour. En Matthieu 26,33, Pierre s'était comparé aux autres en déclarant qu'il n'abandonnerait pas Jésus, même si tous les autres l'abandonnaient. Maintenant Jésus lui demande : « M'aimes-tu plus que ceux-ci… » À la troisième question, Pierre saisit l'allusion au triple reniement. Mais la traversée pascale l'a changé. Le voici prêt à prendre les chemins du Christ. Il le suivra, là où il ne voulait pas aller. Jésus lui dit cela « pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu ». Quelle que soit la manière dont nous rencontrerons la mort, toujours elle devra être don de nous-mêmes.

 

 

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