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15 août 2010 - Fête de l'Assomption - Année C

La mère des vivants

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui


Aucune trace de l'Assomption dans l'Écriture. Ce « dogme » est le fruit d'une déduction : Jésus et sa mère sont inséparables. Puisque Jésus est vivant, sa mère doit l'être aussi. Mais cela signifie-til que Marie n'est pas morte ? Nullement, puisque son fils lui-même est mort. Ne soyons donc pas surpris si notre deuxième lecture ne nous parle pas d'immortalité, mais de résurrection. Depuis les premiers siècles, les chrétiens parlent, non de la mort de Marie, mais de sa « dormition ». Dans l'Apocalypse (1re lecture), la Femme qui a mis au monde celui qui sera « le berger de toutes les nations » s'enfuit « au désert où Dieu lui a préparé une place ». Le désert ! Nous voici ramenés à l'Exode, en marche vers un avenir qui est l'objet de toute espérance. Marie serait-elle, elle aussi, dans l'attente de ce que nous appelons le « retour du Christ », l'accomplissement de toutes les promesses ? Avec le Christ et en lui, Dieu s'est mis dans le temps. Marie est, avec lui, sur cette route. Dieu, Jésus, Marie sont totalement solidaires de l'homme. Fils de Marie, Fils de Dieu, Jésus est aussi « Fils de l'homme ». C'est sans doute pourquoi Marie, mère du Christ, est aussi mère de l'humanité : « Femme, voilà ton fils… voilà ta mère », dit Jésus au moment de sa mort à Marie et au « disciple préféré ». Jean va en quelque sorte prendre la place de Jésus, et Marie deviendra mère de ce nouveau Corps du Christ que sera le peuple des croyants rassemblé dans l'unité de l'amour.

 

Marie et nous
Tout cela nous amène à comprendre que Marie révèle ce que nous sommes tous. Elle nous donne à voir ce que la foi nous révèle sur nous, sur notre relation à Dieu. Il ne s'agit pas seulement de « vérités » concernant notre vie, mais aussi d'histoire. Nous lisons aujourd'hui le Magnificat. Toutes ses phrases sont des citations scripturaires. Nous apprenons ainsi que Marie est l'aboutissement, le fruit, de toute l'aventure d'Israël. Aventure pleine du péché de l'homme, de sa violence et des éclipses de sa foi, mais qui finit bien, parce que Dieu utilise le mal que nous faisons pour faire advenir son contraire, une croissance d'amour et aussi une vision plus juste de ce qu'il est et de ce que nous sommes. Marie récapitule toute cette histoire que l'on a nommée « Sainte ». Elle ne nous est donc pas étrangère, comme si elle surplombait une humanité vivant à ras de terre alors qu'elle régnerait sans histoire ni histoires dans les cieux. Elle est avec nous et nous sommes avec elle. Le mot « assomption » vient d'un verbe latin signifiant « prendre pour soi ». Marie est prise par Dieu et, de ce fait, elle récapitule toute notre aventure humaine : ce que nous appelons « Révélation » nous apprend en effet que nous sommes pris en charge par Dieu, « assumés ». Et cela jusqu'au pire, jusqu'à la Croix.

 

Bienheureuse celle qui a cru
L'Assomption représente donc ce que Dieu fait pour nous, ce qu'il fait de nous. Marie est notre tête de pont dans la « vie éternelle », comme elle est l'aboutissement de tout ce qu'Israël a vécu. Par elle en effet la vie divine vient se mêler à la nôtre. Relisons le Magnificat, ce cri de reconnaissance que Marie adresse à Dieu dans notre évangile. Il comporte deux parties. La première concerne Marie personnellement : Dieu s'est penché sur elle, humble servante ; il a fait pour elle de grandes choses… La seconde partie du verset 49 élargit la perspective : si Marie a été ainsi comblée par Dieu, c'est parce que sa bonté s'étend d'âge en âge sur ceux qui le « craignent » ; il élève les humbles, rassasie de biens les affamés. Voilà ceux que Marie récapitule, en opposition aux orgueilleux, aux puissants, aux riches… Et cela, qui vaut pour l'avenir, a donné forme à tout ce passé qui a commencé à se révéler avec Abraham pour aboutir à cette descendance que Marie va mettre au monde. Elle est « bienheureuse » parce qu'elle a cru à cet amour incroyable qui nous fait être et nous conduit à la perfection de notre création. « Bienheureux » nous aussi, promis au même bonheur, si nous croyons, comme Abraham a commencé à le faire et comme Marie l'a achevé, à la promesse de Dieu.

Père Marcel Domergue, jésuite
2010