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5 décembre 2010 - 2èmedimanche de l'avent - Année A

En ces jours-là fleurira la justice


Le commentaire des lectures bibliques par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Cahiers Croire

" En ces jours-là fleurira la justice"; "En ces jours-là …" dit le Psaume lu aujourd'hui.
De quel jour s'agit-il ? Bien sûr, du jour du Christ. Mais tout se passe comme si ce jour n'en finissait pas d'arriver. Notons que toutes nos lectures parlent au futur. C'est que la venue du Christ est d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Du commencement à la fin des temps. En Jésus, cette venue de toujours s'est rendue visible et palpable, car les temps étaient accomplis où l'homme, préparé par sa préhistoire, son histoire, le peuple de la Bible, était devenu capable d'adhérer librement, en connaissance de cause, à ce travail en lui de la Parole de Dieu qui nous achemine vers son image et ressemblance. Nous voici maintenant capables de vivre dans la lumière ce qui jusque-là n'était vécu que confusément. Il faudra encore du temps à l'humanité et à chacun de nous pour que, voyant celui qui nous fonde tel qu'il est, nous puissions lui devenir semblables (1 Jean 3,2). Voilà pourquoi nous célébrons toujours l'attente du Christ. À Noël, il est venu naître en nous, mais nous avons encore du chemin à parcourir pour naître totalement en lui. Certes, chaque fois que nous vivons de l'amour dont il a lui-même vécu, nous refaisons l'Exode qui nous fait déboucher dans la vie plénière de Dieu, mais nous ne sommes pas encore installés solidement dans cette terre promise. Après l'adhésion d'amour surviennent dans nos existences des trahisons. Après l'Exode, Israël a connu l'Exil. Mais nous savons qu'un jour nous ne ferons plus qu'un avec le Christ.

 

En route vers "ce jour-là"
C'est "ce jour-là" que le temps de l'Avent nous invite à espérer. Si l'on nous parle de jeûne, c'est pour que nous manifestions que les nourritures terrestres ne nous rassasient pas et que nous désirons davantage. La prière signifie, entre autres, que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes, que nous avons besoin de l'Autre. L'aumône ou, pour mieux dire, le partage nous rappelle que nous ne pouvons atteindre le bonheur vers lequel nous marchons tant que d'autres humains sont exclus de notre amour. Il ne s'agit donc pas de pratiques, mais plutôt de sacrements, c'est-à-dire, dans ce contexte, de signes sensibles de notre désir profond ; et ces signes peuvent nous aider à prendre une conscience plus claire de ce désir et à le cultiver. On a fait de Noël la fête des enfants. Pourquoi pas ? À condition de sortir des chouchoutages intempestifs et intempérants pour mieux comprendre que, justement, l'enfant est un être inachevé, en route vers son accomplissement, et qu'il a besoin pour cela de l'assistance des autres, qu'il ne peut y parvenir par ses propres forces. Voilà pourquoi Jésus nous prescrit de redevenir enfants, ouverts dans la confiance à la sollicitude aimante de plus fort que nous et au choix de lui ressembler. Certes, nous ne sommes pas sans ambition de changer, de grandir. Profitons de l'Avent pour convertir nos désirs immédiats et parfois peu critiqués d'un appartement plus confortable, d'un revenu plus élevé, et même d'une meilleure santé pour réaliser que tout cela cache un désir plus fondamental.

 

Celui qui monte de la terre
Remarquons qu'aucun des textes lus aujourd'hui ne nous montre un Christ descendant du ciel. On le voit au contraire monter de la terre, comme une plante : n'est-il pas la tige de l'arbre de Jessé, « un rejeton jailli de ses racines » ? Mais si le Christ monte de la terre jusqu'à être élevé au-dessus d'elle, c'est qu'il était déjà présent en toutes choses, depuis toujours. À la racine de tout il y a le Verbe, et ce « tout » culmine dans l'humanité dont le Christ est l'accomplissement. Il est « le Fils de l'homme », l'être parfait que l'homme met au monde. Cela suppose que Dieu et l'homme sont intimement mêlés depuis le commencement : Genèse 2 voyait déjà l'homme animé par le souffle divin. C'est donc le cosmos entier, accompli et récapitulé en l'homme, qui prépare le Christ. Jean Baptiste est la figure terminale de cette gestation. Désormais, c'est une autre mise au monde que nous attendons, celle du Christ achevé en son corps qui sera rassemblement de tous les hommes dans l'unité. Il y faut un jugement, un tri, un coup de crible pour séparer ce qui est selon le Christ et ce qui s'en sépare. Voilà ce que nous dit le Baptiste dans notre évangile. N'allons pas trop vite penser qu'il s'agit d'un tri entre les hommes. D'autres textes nous disent que Dieu vient sauver tous les hommes, et toute la création. Le baptême dans l'eau et le baptême dans l'Esprit noient ce qui, en chacun nous, doit disparaître et amènent à la lumière ce qui mérite une nouvelle naissance.

Père Marcel Domergue, sj