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Le partage


Les références des textes de ce dimanche
Qohelet 1,2 ; 2,21-23
Psaume 89
Colossiens 3,1-5. 9-11
Luc 12,13-21

 

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Voici un homme qui désire que son frère, sans doute l'aîné, partage avec lui leur héritage. Apparemment, ce dernier s'y refuse. Pourquoi porter l'affaire devant Jésus ? Sans doute parce qu'il apparaît plein d'autorité, modèle de justice et puissant devant Dieu et devant les hommes. Or, voici qu'il se récuse. Dieu, que le Christ rend visible, n'intervient pas dans la répartition des biens. La gestion de la terre et de nos conflits nous est confiée. La question de l'héritage à partager se retrouve dans la parabole du fils prodigue, en Luc 15,11-32. Là, c'est le fils aîné qui, au départ, fait figure de juste : le mauvais s'en va avec sa part d'héritage. Or, à la fin, les rôles seront inversés : l'aîné refusera de fêter le « retour à la vie » de son frère et s'exclura de la joie de la véritable « justice », qui ne peut venir que du pardon reçu dans le retour à la Vérité qui nous fonde. Notre évangile ne nous dit pas si l'homme en instance d'être lésé par son frère obtiendra satisfaction. Jésus attire notre attention sur ce qui se tient en deçà de nos problèmes de partage et d'héritage. Qu'est-ce qui fonde nos ambitions, nos volontés de dominer, notre soif de richesses, l'exploitation que nous faisons des autres ? Où va notre désir profond ? Tel est l'objet de la parabole qui va suivre.

 

"Il y avait un homme riche…
"
Voilà un homme, semble-t-il, qui n'a plus rien à désirer : il vient de faire des récoltes exceptionnelles. Seul problème : où stocker une telle abondance ? Il trouve facilement une réponse. À partir de là, « repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence ». Combien d'entre nous pensent : « J'ai tout ce qu'il me faut » ? À l'homme préoccupé par son héritage, Jésus répond, par cette parabole :
« Même si tous tes désirs étaient comblés, tu ne serais pas plus avancé pour autant ». Tout ce que nous pouvons posséder ne peut en effet nous empêcher de mourir. Alors, devons-nous cesser de désirer quoi que ce soit ? Certainement pas, et la publicité se charge de nous le rappeler ! Mais nous ne devons pas perdre de vue que tout ce que nous pouvons acquérir n'est que le signe d'un bien qui dépasse tout. L'homme riche de la parabole est plein d'illusion : il imagine que ce qu'il possède peut le satisfaire. Nous sommes au-dessus de toutes les richesses de ce monde, nous les dépassons. Nous pouvons les utiliser pour aller à celui qui est la racine de tout ce qui existe, même quand c'est nous qui produisons tout cela.

 

Riches en vue de Dieu
Bien sûr, nous pouvons nous demander sur quoi porte notre désir profond. Nous pouvons ensuite nous exhorter à « chercher la richesse en vue de Dieu », expression aux sens multiples et pleine de mystère pour qui n'a jamais éprouvé le désir de Dieu, l'ambition de devenir Amour, comme Dieu. Décision de déplacer notre désir, même si au départ nous sommes tièdes et si désirer Dieu ne nous dit pas grandchose. À mon avis, ce travail sur nous-mêmes est plein d'ambiguïtés et risque de nous enfermer dans une forme subtile d'esclavage. Choisissons plutôt de croire en cette Présence qui nous habite, nous fait exister et nous met en route pour un « ailleurs » et un « autrement » que nous ne pouvons imaginer, car il est l'accomplissement de la vie. Comme le dit Jean dans sa 1re lettre (3,1-2) : « Enfants de Dieu nous le sommes… mais ce que nous serons ne nous apparaît pas encore… Lors de cette manifestation nous lui deviendrons semblables parce que nous le verrons tel qu'il est. » C'est donc la foi qui est ici en jeu, même si nous la choisissons sans la ressentir. Vouloir cultiver de bons sentiments, comme le désir de Dieu, et imaginer, même sans nous le dire, que par là nous méritons son amour revient à nous enfermer en nous-mêmes, à cultiver l'illusion d'un trésor possédé. Il s'agit au contraire de s'ouvrir à ce qui nous vient de l'ailleurs de Dieu, gratuitement. Cette ouverture est libération. Là où est notre trésor, là aussi est notre coeur (évangile du 19e dimanche). Notre trésor est à l'horizon. La vie est devant nous.

Père Marcel Domergue, jésuite
2010



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