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1er février 2009 - 4 ème dimanche du temps ordinaire année B

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Un homme qui a autorité


 

Les références des textes de ce dimanche
Deutéronome 18,15-20
Psaume 94
1 Corinthiens 7,32-35
Marc 1,21-28

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Les scribes et les docteurs de la Loi commentent l'Écriture ; ils en sont en quelque sorte les haut-parleurs. Ils ne sortent rien d'eux-mêmes, sinon des interprétations d'une Parole qui les dépasse. Avec Jésus, voici justement cette Parole éternelle. Elle vient annoncer du nouveau, du non encore entendu. Certes, comme il le dit aux disciples d'Emmaüs, c'est bien de lui que parle l'ancien texte, mais ce n'est pas dans ces écrits qu'il trouve ce qu'il doit faire. Au contraire, tout cela a été écrit, d'avance, en fonction de ce qu'il serait et ferait. Il ne se conforme pas à l'Écriture mais l'Écriture, sous forme de figures et d'anticipations symboliques, s'est conformée à ce qu'il serait. Il en est la règle d'interprétation. Pour nous, c'est le Christ qui donne autorité à la Bible, pas l'inverse. On se souvient du discours sur la montagne selon Matthieu, avec tous les « On vous a dit… et moi je vous dis… » La Bible, comme le dit l'Apocalypse, est un livre fermé, scellé : seule la vie du Christ peut en rompre les sceaux.
Allons plus loin : nos vies sont elles aussi inintelligibles sans la lumière projetée sur elles par le Christ. Ses premiers auditeurs sont surpris, sans doute choqués, de le voir sortir de lui-même tout ce qu'il leur dit. Autorité d'une parole qui va jusqu'à maîtriser les forces de la nature et les puissances du mal. Décidément, du nouveau est ici en train de se produire. Voilà quelque chose que l'on n'avait jamais vu, jamais lu. C'est alors que commence à se poser la question d'identité : Quel est donc cet homme ?

La question d'identité
Qui est-il, qu'est-il ? Cette question hante les récits évangéliques, jusqu'au bout ; en Matthieu 27,40, les ennemis de Jésus lui disent : « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. » En Jean 20, 28, après la Résurrection, Thomas nommera Jésus « mon Seigneur et mon Dieu ». Descendre de la Croix n'aurait pas suffi pour justifier cette appellation : il fallait que la mort elle-même soit traversée, non économisée. Dans notre évangile, « l'esprit mauvais » ne se pose pas la question d'identité : « Je sais fort bien qui tu es », dit-il. Jésus le fait taire parce qu'il ne veut pas que la vérité de sa personne soit divulguée : elle ne doit être découverte qu'à partir d'une réflexion sur ses actes et sur la nouveauté de ce qu'il dit sur Dieu et sur l'homme. Répétons-le, il y faudra la Pâque. Ce silence du Christ sur son identité est particulièrement souligné chez Marc ; c'est le célèbre « secret messianique ». Pourquoi un tel « secret » ? Parce que les gens attendaient un Messie triomphal, un libérateur politique, un organisateur de la société. Bien des textes de la Bible, le plus souvent métaphoriques, pouvaient justifier cette méprise. Une méprise qui durera : selon les Actes des apôtres (1,6), même après la Résurrection, les disciples lui demandent : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le royaume en faveur d'Israël ? » Ne haussons pas trop vite les épaules : souvent l'Église a tenté de maîtriser la société civile et de réduire les pouvoirs publics à la fonction de « bras séculier ».
Le « cléricalisme » est-il tout à fait mort ? Jésus parle ailleurs que dans et par les lois.

Même les esprits mauvais lui obéissent
Laissons de côté, pour l'instant, la question du genre littéraire des récits de miracles et rendons-nous attentifs au fait que tous ces récits veulent nous faire comprendre que le Christ, et à travers lui Dieu lui-même, est ennemi de ce qui fait du mal aux hommes. Avec, au sommet de tout ce mal, la mort. Finissons-en avec le dieu qui punit, se venge, fait payer les dettes. Cela dit, nous pouvons nous demander comment nous en venons à nous associer à ce qui blesse les autres. La réponse est que nous sommes en proie aux « démons ». Au fond, nous avons du mal à admettre que nous avons de la valeur, que nous sommes aimés. Alors, nous essayons de nous prouver que nous sommes et valons quelque chose. Voilà notre démon ; il nous dit : « Si tu es le fils de Dieu, fais ceci ou cela… » Amasse de l'argent, prends le pouvoir, sois un personnage en vue. Idoles de la puissance, de la notoriété. L'appétit de jouir peut nous conduire à traiter l'autre comme un objet. On aime le foie gras et on aime son ou sa partenaire : même verbe, et dans les deux cas on peut dévorer et détruire. Amusez-vous à repérer, dans le langage érotique populaire, toutes les expressions de type alimentaire. Alors l'ange des ténèbres se déguise en ange de lumière. L'image de Dieu est alors détruite et ignorée en l'autre et en nous-mêmes. Mise à mort du Verbe qui nous fait être. Or, de cette mort le Christ ressuscite. Il chasse nos démons en nous faisant comprendre qu'aimer ne consiste pas à prendre mais à donner. À tous les dévorateurs que nous sommes, il dit : « Prenez et mangez, ceci est mon corps… »

 

Évangile selon Marc 1, 21-28
Jésus , accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : "Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu." Jésus l'interpella vivement : "Silence ! Sors de cet homme." L'esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s'interrogeaient : "Qu'est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent." Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.

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