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14 septembre 2008 - La Croix glorieuse - Année A

                                    Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Nombres 21,4-9
ou Philippiens 2,6-11
Psaume 77
Jean 3,13-17


Élevé de terre
Nous lisons l’expression « Croix glorieuse » sans étonnement. Pourtant, cette formule est presque scandaleuse. C’est comme si nous disions « joyeux échafaud » ou « heureuse guillotine ». La croix, c’est hideux, sale, répugnant. Et pourtant celle du Christ est glorieuse par l’amour qui l’a conduit à vouloir partager notre plus grande détresse, à prendre place parmi ceux que nous punissons,persécutons, éliminons de la communauté des hommes. Beaucoup d’entre nous réclament la vengeance; or, toutes nos vengeances s’exercent finalement contre Dieu ; elles sont crucifixion de l’amour.

Mais l’amour, Dieu, ressurgit là où on l’attendait le moins et le fait que Jésus accepte la croix que nous lui dressons est l’acte d’amour indépassable, plus fort que la mort qu’il accueille. C’est pourquoi la croix ne sera pas pour lui enfouissement dans la terre, mais exaltation au-dessus de la terre. Jean voit dans le serpent de bronze de la première lecture une préfiguration du Christ crucifié. Les figures s’enchaînent : les Hébreux étaient intérieurement détruits par le doute qui les obsédait.
Doute mortel qui prend figure de serpents venimeux. Le remède sera la figure de ces serpents, qui sont eux-mêmes figures. Le mal intérieur, caché, sera « élevé de terre », rendu visible sous la forme d’un serpent de bronze. Ceux qui accepteront de le regarder, d’en prendre conscience, seront guéris. Le Christ crucifié affiche devant nous notre méchanceté meurtrière et l’amour, son contraire, qui la surmonte. Notre mort prise dans la mort du Christ.
Ainsi, en regardant le Christ crucifié, nous pouvons prendre conscience de notre péché, et de l’amour qui a amené Jésus à s’en faire ostensiblement la victime. Ainsi, il a épousé toutes nos détresses et Paul n’a pas hésité à écrire qu’il a été fait péché pour nous (2 Corinthiens 5,21). Le voici donc un avec nous, totalement « incarné », y compris dans le pire. Mais parce qu’il a fait siennes toutes nos morts et tout ce qui les annonce, les prépare, les provoque, tout ce que nous avons à souffrir, même par notre faute, devient sa mort, et se trouve affiché sur la croix glorieuse. N’essayons surtout pas de tirer notre épingle du jeu : nous sommes solidaires de tout ce qui détruit, supprime, écrase, humilie d’autres hommes. Répétons-le, quand nous sommes tentés par l’illusion de notre innocence, souvenons-nous que nous ne savons pas ce que nous aurions été et fait si, au lieu de naître dans un milieu protégé, nous avions eu 20 ans dans l’Allemagne hitlérienne, ou si nous avions passé notre jeunesse dans une banlieue déserte d’amour. Jésus donne sa vie et sa mort pour les bourreaux et les victimes. Alors l’inverse devient vrai : parce que le Christ a épousé notre mort, toutes nos morts épousent la sienne. Tout ce que la vie nous donne à supporter devient croix glorieuse ; pas de déchet. Notre mort devient sa mort, promise à la résurrection. L’amour ne peut pas mourir.


La victoire de la vie
Certains trouveront qu’il est beaucoup question, dans ce qui vient d’être dit, de mort, de souffrance, de péché. Sommes-nous dans une religion morbide ? Ne vaudrait-il pas mieux, l’Évangile étant « bonne nouvelle », parler de vie, de joie, d’action de grâce ? En réalité c’est bien ce que nous faisons : nous cherchons à expliquer que la vie, la joie née de l’espérance, la reconnaissance ne connaissent ni temps mort ni lieu déserté. Aussi bas que nous puissions descendre, au pire de l’enfer, nous trouvons là le Christ qui nous attend : « Ni la mort ni la vie (…), ni présent ni avenir, ni hauteur ni profondeur, ni quoi que ce soit de créé ne nous séparera de l’amour que Dieu nous témoigne dans le Christ Jésus… », écrit Paul en Romains 8,38.
Si nous sommes amenés à parler de mal et de péché, ce n’est pas par masochisme mais pour ne pas fermer les yeux et le coeur devant toutes les souffrances et toutes les aberrations qui affligent les cinq continents.
Encore une fois, nous en sommes solidaires. La croix est glorieuse parce que, par elle, Dieu ouvre la voie à l’utilisation du mal que nous faisons et du mal que nous subissons pour la naissance à une vie nouvelle. Que la mort soit condamnée à produire de la vie, une vie inaltérable et vouée à la joie, voilà la merveille qui nous redresse quand nous fléchissons. « Opium du peuple » ? Certainement pas, car ce genre de sommeil demeure impossible tant que nous tenons nos yeux fixés sur celui que nous avons transpercé

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