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3 août 2008 - 18ème dimanche du temps ordinaire- Année A

                                    Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Isaïe 5,3
Psaume 144
Romains 8,35.37-39
Matthieu 14,13-21


Sans argent…
Isaïe (première lecture) invite ses interlocuteurs à venir « acheter » le vin et le lait « sans argent ». Le lait, nourriture fondamentale, la première de notre enfance ; le vin, en principe réservé aux adultes, superflu qui, en plus de la survie, donne la joie : selon Juges 9,13, il réjouit Dieu et les hommes. En plus du nécessaire nous est offert le bonheur. Acheter sans rien donner en échange, ce n’est plus vraiment acheter, c’est recevoir. Ce qui est donné, c’est la parole : « Écoutez et vous vivrez… » Dans notre évangile, les disciples veulent renvoyer les gens pour qu’ils aillent, eux aussi, « acheter ». Tel n’est pas le dessin de Dieu : ils n’auront ni à se déplacer ni à payer. Pourquoi aller chercher ailleurs alors que le Christ est là ? Pourquoi payer ? Ont-ils payé leur venue au monde ?

Le don de Dieu n’a pas de prix. Ils ne vont pas recevoir le lait et le vin, symboles de notre existence terrestre, mais le pain et le poisson, eux aussi aliments terrestres mais devenus chez les premiers chrétiens des figures du Christ lui-même. Il est en effet nourriture de la vie éternelle, venue de Dieu (voir Jean 6) et arrachée aux eaux de la mort. La multiplication des pains est donc une annonce pascale, une anticipation du don que le Christ nous fera de lui-même. Un don qui dépasse nos besoins, nos espérances, nos imaginations. C’est ce dépassement que signifient les douze paniers de restes. Nos faims ne sont pas à la hauteur du don de Dieu.

Les disciples
Remarquons la forme eucharistique du récit : « Il prit les pains, les bénit, les rompit, les donna aux disciples… » : les mêmes mots qu’en Matthieu 26, 26 et dans tous les autres récits du dernier repas de Jésus. Les pains et les poissons ne se mettent pas à foisonner entre les mains du Christ : les disciples prennent les morceaux des cinq pains et les deux poissons et se mettent à les distribuer. C’est entre leurs mains que le signe s’accomplit. Jésus disparaît du récit au moment où la distribution commence. Il y a sans doute là une figure de l’Église, de ce que nous vivons actuellement. Notons la formule « Tous mangèrent à leur faim. » On peut traduire « chacun selon sa faim » : c’est chacun de nous qui mesure le don qu’il reçoit, Dieu, lui, se donne tout entier. C’est chacun de nous qui fixe la quantité d’amour qu’il reçoit, c’est-à-dire la quantité d’amour qu’il laisse passer à travers lui vers les autres :
« C’est la mesure avec laquelle vous mesurez qui servira de mesure pour vous » (Matthieu 7,2 ; Luc 6,38). Notons que les disciples sont non seulement les acteurs de la distribution mais qu’ils ont dû aussi fournir les cinq pains et les deux poissons. L’amour trouve bien son origine en Dieu, mais il nous atteint les uns par les autres. Chacun de nous est un chemin par lequel l’amour porteur de vie peut circuler. Ainsi se construit le corps unique que le Christ se donne en sa Pâque.


Faim de pain, faim de Dieu

L’homme est un être de besoin. Cela, il le partage d’ailleurs avec tout ce qui existe : la plante a besoin d’eau, de lumière, de chaleur.
De même, les animaux. Nous devons aller chercher en dehors de nous ce qui nous fait vivre, notre propre substance. Chez les hommes, ce besoin fondamental devient conscient et assumé. Nous apprenons que nous n’existons que par les autres et que tout se fonde sur des relations, la relation. Exister, c’est être relié, avec le cosmos et avec les autres hommes ; avec tout le passé et tout notre avenir.
C’est pourquoi il y a en chacun de nous une sorte d’insatisfaction, comme la certitude que tout pourrait être autrement ; la nostalgie d’un ailleurs, d’un meilleur. Au fond, c’est là que toutes les recherches, scientifiques, techniques, politiques, trouvent leur source, et aussi nos démarches personnelles pour accéder à un mieux. Au sommet, la faim et la soif de justice. N’est-ce pas pour cela que ces cinq mille hommes se sont rassemblés autour de Jésus ?
« Renvoie donc les foules, lui disent les disciples, qu’elles aillent dans les villages s’acheter à manger ! » Mais non ! C’est ici que se trouve la vraie nourriture. Pourquoi revenir aux nourritures anciennes ? L’homme ne vit pas seulement de pain mais de la parole qui sort de la bouche de Dieu. La Parole est vraie nourriture. L’homme est invité à se nourrir de la substance de Dieu. Le pain de nos tables, nécessaire à notre corps, en est le signe.

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