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  Au jour le jour : célébrer le dimanche

            13 janvier 2008, Baptême du Seigneur

                                                                                                                                                           

Les grandes eaux

 

 

Isaïe 42,1-4.6-7
Psaume 28
Actes 10,34-38
Matthieu 3,13-17


Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Mystérieuse, l’eau profonde, celle qui n’est pas le ruissellement de la pluie ou le jaillissement de la source. Dans la Bible, elle est toujours allusion à l’abîme primitif d’avant la création, symbole du néant. Ainsi pour le déluge, retour au point zéro pour la naissance d’une humanité nouvelle. Quand les Hébreux traversent la mer Rouge, ils traversent la mort, et le passage du Jourdain fera d’eux un peuple nouveau sur une terre nouvelle. Le baptême donné par Jean est lourd de tous ces symboles et ce que propose le prophète est vraiment un recommencement, une renaissance. En effet c’est bien du neuf, du tout neuf, que va apporter celui qu’annonce le précurseur. Pour l’accueillir, il faut une âme vierge, ouverte à de l’inédit, à du jamais encore vu ni entendu. Le baptême nous lave de tout le passé. Fort bien, mais tout cela vaut-il pour Jésus ? Lui, le Verbe de tout commencement, n’a rien à recommencer, et pourtant le voici qui se mêle aux disciples de Jean pour être avec eux baptisé. C’est dans cet « avec eux » que se tient la réponse à cette question. Ce que nous appelons l’Incarnation consiste à prendre la condition humaine telle que l’histoire, le jeu des libertés, l’a façonnée. Jésus est donc identifié à l’homme pécheur et il en connaîtra tout le destin.

Le juste et l’injuste

Paul va très loin dans les formules expressives de cette identification. On lit par exemple en 2 Corinthiens 5,21 : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » Drôle de justice : le coupable est considéré comme juste, et même rendu juste, parce que le juste prend le statut du coupable.
Voilà qui surprend Jean Baptiste : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi… » et non l’inverse. Il se prononce sur ce qui serait juste ou injuste. La réponse de Jésus est inouïe : « Laisse faire, maintenant nous devons surclasser toute justice. » Le texte dit « accomplir » : dans le Nouveau Testament, l’accomplissement est le dépassement par le haut de tout ce qui arrive à terme. Cela ne va pas sans des renversements spectaculaires : on n’est jamais autant seigneur que lorsqu’on se fait serviteur, plus on se veut dernier, plus on devient premier etc. En fin de compte, plus on accepte de mourir par amour, plus on accède à la vie indestructible. Tout cela est signifié, ou annoncé, par le récit du baptême. Injustement, par amour, Jésus descend avec les pécheurs dans les eaux du Jourdain, eaux de mort et de renaissance. Bien entendu, la Pâque est en filigrane, symboliquement anticipée. C’est à la Pâque en effet que la justice de Dieu sera satisfaite en se manifestant telle qu’elle est : non pas justificatrice mais justifiante.

Encore une épiphanie

Nous le disions dans le commentaire précédent, épiphanie signifie révélation, manifestation. Avec les mages, nous avons appris que Jésus est là pour le salut de tous les hommes, sans distinction de race, de civilisation, de culture. Au baptême, nous apprenons qu’il est le Fils bien-aimé de Dieu et qu’il a tout son amour. La Tradition a vu dans le récit de la visite des mages, le récit du baptême et celui des noces de Cana (« Ainsi il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ») les trois manifestations initiales de l’identité et de la mission du Christ. Préludes à la Transfiguration. Notons que c’est après son baptême, après sa sortie de l’eau, quand il émerge de l’abîme mortel, que Jésus est déclaré Fils. Cela fait penser au début de l’Épître aux Romains, passage déconcertant pour la théologie classique : Paul dit qu’il a été mis à part pour l’Évangile de Dieu touchant son Fils « issu selon la chair de la race de David, et selon son esprit de sainteté constitué Fils de Dieu avec puissance en suite de sa résurrection d’entre les morts. »
Notons le caractère trinitaire du récit du baptême : c’est le Père qui parle puisqu’il désigne Jésus comme son Fils ; l’Esprit vient sur lui comme une colombe. Impossible de ne pas penser au « souffle de Dieu qui volait au-dessus de l’abîme » en Genèse 1 et à la colombe qui vient signifier à Noé le retrait des eaux mortelles sous le souffle d’un vent violent (Genèse 8).

 

Évangile de Matthieu 3, 13-17

Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui. Jean voulait l'en empêcher et disait : "C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c'est toi qui viens à moi !" Mais Jésus lui répondit : "Pour le moment, laisse-moi faire; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste." Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau ; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour."