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Le pape Benoît XVI a parlé à plusieurs reprises de l'amitié avec le Christ. Dans son homélie à la messe « pro eligendo Romano Pontifice », celui qui était encore Jospeh cardinal Ratzinger, parlait de la manière dont le Seigneur nous "appelle amis", en référenceà l'évangile selon saint Jean. Lors de la messe d'inauguration de son pontificat, Benoît XVI allait plus loin encore, affirmant avec force : "Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s'ouvrent tout grand les portes de la vie".

Le Seigneur nous adresse ces paroles merveilleuses: "Je ne vous appelle plus serviteurs... mais je vous appelle amis" ( Jn 15, 15). Nous avons parfois le sentiment de n'être - comme il est vrai - que des serviteurs inutiles (cf. Lc 17, 10). Et malgré cela le Seigneur nous appelle amis, fait de nous ses amis, nous donne son amitié. Le Seigneur définit l'amitié d'une double façon. Il n'y a pas de secrets entre amis: le Christ nous dit tout ce qu'il entend du Père; il nous donne pleinement sa confiance et, avec la confiance, également la connaissance. Il nous révèle son visage, son coeur. Il nous montre sa tendresse pour nous, son amour passionné qui va jusqu'à la folie de la croix. Il nous fait confiance, il nous donne le pouvoir de parler en son nom: "ceci est mon corps...", "je te pardonne...". Il nous confie son corps, l'Eglise. Il confie à nos faibles esprits, à nos faibles mains, sa vérité - le mystère du Dieu Père, Fils et Esprit Saint; le mystère du Dieu "qui a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" ( Jn 3, 16). Il nous a fait devenir ses amis - et nous, comment répondons-nous à cela?

Le deuxième élément, avec lequel Jésus définit l'amitié, est la communion des intentions. " Idem velle - idem nolle" , était également pour les Romains la définition de l'amitié. "Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande" ( Jn 15, 14). L'amitié avec le Christ coïncide avec ce qu'exprime la troisième demande du Notre Père: "Que ta volonté sois faite sur la terre comme au ciel". A l'heure du Géthsémani, Jésus a transformé notre volonté humaine rebelle en volonté conforme et unie à la volonté divine. Il a souffert de tout le drame de notre autonomie - et, précisément en conduisant notre volonté entre les mains de Dieu, il nous donne la liberté véritable: "Pas ma volonté, mais la tienne" ( Mt 21, 39). Dans cette communion des volontés se réalise notre rédemption: être amis de Jésus, devenir amis de Dieu. Plus nous aimons Jésus, plus nous le connaissons, plus grandit notre liberté véritable, plus grandit la joie d'être rachetés. Merci Jésus pour ton amitié!

En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place-St.Pierre. Les paroles qu'il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: 'N'ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ'. Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d'une part de leur pouvoir, s'ils l'avaient laissé entrer et s'ils avaient concédé la liberté à la Foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l'arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l'homme, à sa dignité, à l'édification d'une société juste. Le Pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes. En quelque sorte, n'avons-nous pas tous peur si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui, peur qu'il puisse nous déposséder d'une part de notre vie? N'avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d'unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l'angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s'ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd'hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d'une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: N'ayez pas peur du Christ ! Il n'enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ et vous trouverez la vraie vie. Amen.

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