Le paradis retrouvé- Edward Hicks

     

Prier avec une oeuvre d’art

Je me dispose pour un temps de prière et je laisse la prière de l’artiste me parler à travers l’oeuvre qu’il a réalisé… 

Je regarde pour écouter la Parole que Dieu m’adresse, je me laisse toucher, rejoindre, habiter par les couleurs, les gestes, les dessins. 

LE PARADIS RETROUVE

Edward Hicks, (1780-1849), Royaume pacifique, 1834, National gallery of art, Washington, DC

Edward Hicks est un peintre américain du 19e siècle, dans la mouvance de l’art naïf. Cet art adopte un style figuratif ne respectant pas les règles de la perspective. Hicks est également membre des quakers, mouvement religieux dont le témoignage le plus connu est un témoignage de paix. Ils sont engagés contre la guerre et pour la non-violence, et militent en faveur de la paix et de la réconciliation des peuples.

Le tableau le plus connu de Hicks est ce « Royaume pacifique » dont il a fait plus de 60 versions, pour illustrer le passage du chapitre 11 d’Isaïe :

« Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.

  La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.

  Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. »

Je regarde les animaux de la grande partie droite de cette peinture : ils sont disposés sans souci de réalisme dans les proportions, grandeurs, couleurs.

Le loup au-dessus de l’agneau :  on a l’impression qu’il croise les pattes délicatement pour éviter de toucher l’agneau et même pour le protéger. Son corps est noir, l’agneau est tout blanc. Cette attitude est surprenante, insolite, mais « Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? » (Gn 18,14). Seul Dieu peut permettre de tels prodiges.

Je recherche dans ma vie des exemples de rencontres personnes tellement différentes, incompatibles et qui pourtant ont pu s’entendre, dialoguer. Est-ce que cela m’est arrivé personnellement ? Comment ai-je vu l’action de Dieu dans cette rencontre.

Me suis-je émerveillé ? Ai-je rendu grâce ?

 

J’admire la description du léopard avec son magnifique pelage, couché près du chevreau, qu’offre Edward Hicks, A-t-il, comme le Douanier Rousseau, contemplé ces animaux dans des zoos, ou étudié des revues spécialisées ? Ces animaux sont magnifiques, merveille de la création, ils nous parlent de Dieu. Ces animaux vivent dans une non-violence inattendue, que jusqu’à présent on n’a jamais constatée sur terre.

Comment j’exprime mon émerveillement devant la beauté de la création ? J’exprime avec mes mots un chant de louange. « Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, … » chante st François. Comment pratiquement je me fais « frère » des animaux de la création ? Quels gestes posés pour le respect de la création ?

Je fais mien le psaume Chaque matin, je réduirai au silence tous les coupables du pays, pour extirper de la ville du Seigneur tous les auteurs de crimes. Ps 100,8.

Quels actes est- ce que je pose personnellement pour que vienne le temps de justice et de paix ? Je relis une action faite récemment pour améliorer le sort d’un proche en difficulté.

 

Le lion et le veau sont proches l’un de l’autre, « ils sont nourris ensemble », c’est un rêve.

Ces paroles de Martin Luther King prononcées en 1963, ne sont-elles pas directement inspirées de ces versets d’Isaïe :

 ” Je rêve que, un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. […] Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d’espérance. »

Je prie pour que ces versets d’Isaïe ne soient pas un conte de fées pour endormir les enfants malheureux et humiliés.

Dans la société qui m’entoure, est-ce que je peux déceler des réalisations préfigurant l’avenir que Dieu veut pour l’humanité, signe de sa présence agissante dans nos vies.

 

« Le loup et l’agneau auront même pâture, le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage ; le serpent, lui, se nourrira de poussière. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte, – dit le Seigneur » (Is 65,25)

Le lion et la vache au premier plan rapprochent leur museau ! Bien insolite ! Pour Hicks le lion et le bœuf sont les symboles de la Rédemption. Isaïe exprime la paix paradisiaque dans des termes évoquant la création du livre de la Genèse et la re-création après le déluge.

Oui, notre monde reste une jungle où les loups dévorent les agneaux, un monde où les ours, les lions sauvages agressent les plus faibles, les malheureux, des peuples entiers de pauvres gens. Je cherche comment Dieu intervient, je vois nombre actions généreuses, des marques d’amour, ce sont des signes que Dieu nous donne. Quelle est ma part dans ces belles actions ?

Comment le Seigneur me sauve de mes propres barbaries, extérieures et intérieures ?

Je rends grâce de ces signes que Dieu me donne pour sauver l’homme et sa création.

 

Qui sont ces enfants qui volettent ça et là dans ce tableau de Hicks. Ils caressent les animaux sauvages sans crainte ? Ils semblent naïfs, innocents, pourquoi sont-ils là ? Sont-ils des intermédiaires pour que ces animaux vivent en bonne entente ? Quel est leur rôle ? Peuvent-ils quelque chose à côté de ces puissances que sont ces grands animaux sauvages ?

Pour annoncer sa Bonne Nouvelle Dieu se sert de tous les hommes avec leurs imperfections. Il ne rejette personne, ni le loup qui est en nous, ni l’agneau qui est aussi en nous. Oui je crois qu’Il est venu non pour détruire mais pour sauver.

Comment a-t-il réconcilié en moi ce qui ne paraissait pas réconciliable, le loup et l’agneau, la panthère et le veau ? Je relis une petite victoire sur un de mes défauts.

Je rends grâce pour son aide à réconcilier toutes les dimensions de mon être, mon désir d’amour et mon égoïsme qui s’y opposent. 

 

Qui sont ces hommes figurés par Hicks dans le fond du tableau ? Ce sont des Amérindiens coiffés de leurs plumes exubérantes et des colons qui signent un traité de paix et font commerce de draps. Calme et paix règnent aussi parmi les hommes.

Dieu vient restaurer ce qui est abîmé au coeur de l’homme. Je regarde en moi, autour de moi, comment Jésus a redonné beauté et harmonie dans les rapports entre les hommes.

Je présente à Dieu des échanges harmonieux vécus récemment avec mes proches ou des personnes rencontrées inopinément.

 

« Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (v 9 )

A l’arrière-plan, Hicks a peint un beau paysage, calme, une rivière et une haute montagne. Il évoque les termes d’Isaïe sur un monde voulu par Dieu, grâce aux dons de son Esprit. La connaissance du Seigneur est liée à la montagne sainte. La montagne est le lieu des théophanies, là où Dieu se manifeste. « La connaissance de la gloire du Seigneur remplira la terre, comme les eaux recouvrent le fond de la mer ! » (Ha 1,14)

Je me souviens d’un moment passé en haut d’une montagne, comment ai-je ressenti la présence du Seigneur, comment ai-je entendu la parole du Seigneur, comment ai-je compris qu’il me soutenait dans mes rapports parfois difficiles avec mes proches ?

Ai-je un peu plus « connu » le Seigneur ? j’exprime mes découvertes.

« Le Seigneur aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour ». (Ps 32,5)

 

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