Résurrection- descente du Christ aux enfers- Fra Angelico

     

Prier avec une oeuvre d’art

Je me dispose pour un temps de prière et je laisse la prière de l’artiste me parler à travers l’oeuvre qu’il a réalisé… 

Je regarde pour écouter la Parole que Dieu m’adresse, je me laisse toucher, rejoindre, habiter par les couleurs, les gestes, les dessins. 

RÉSURRECTION-DESCENTE DU CHRIST AUX ENFERS

Fra Angelico (v 1400-1455), Descente du Christ aux enfers, 1437-1445, couvent Saint Marc, Florence.

 Fra Angelico réalisa les décorations des cellules du couvent saint Marc à Florence à partir de 1440 à la demande de Cosme de Médicis, lorsque le frère Antonin était prieur du couvent. La cellule 31 est consacrée à la descente du Christ aux enfers.

« La terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. » (Mt 27, 51-53)

Le Christ qui remonte des enfers est la représentation privilégiée de la Résurrection, l’anasthasis, dans l’iconographie orientale. Il est vrai que la formule « descendu aux enfers » n’apparaît que tardivement dans le Credo de l’Église, au 9e siècle.

Pour commencer cette méditation je chante la prière que nous avons lu le matin de Pâques : « Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort, il a vaincu la mort ; à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie »

 

« Tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence. » (Ac 2,28)

Fra Angelico a choisi cette iconographie pour représenter la Résurrection du Christ.

Jésus est vêtu d’une ample robe et d’une tunique blanches.  Tout est lumière resplendissante : les Limbes sont ainsi changés en séjour des bienheureux.

 Je regarde Jésus, rentrer dans mon univers « endormi », je l’entends m’appeler « éveille toi, ô toi qui dors ».

 Je me remémore un moment où j’étais « endormi », peut-être indifférent, et puis j’ai senti que j’étais illuminé par le Christ, appelé à sa Vie. Il me dit « tu es en moi, et je suis en toi ». Est-il possible que je vive cette communion ? Qu’est-ce qui pourrait m’en empêcher ?

Jésus porte son étendard de la victoire, avec la « croix de saint Georges » rouge sur fond blanc, un héritage du temps des croisades. C’est un Christ victorieux de la mort, un Seigneur fort, vaillant que nous prions en ce temps de Pâques. Il est nouveauté, il n’est plus enfermé dans le temps, il est « re-création ». Il apporte la vie à tous les hommes de tous les temps.

Comment est-ce que je remplis mon rôle de baptisé pour annoncer la résurrection de Jésus ?  Je brandis mon étendard ? Je vais sur les places annoncer Jésus ? Je prie dans le silence de mon oratoire ?

 

 « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Co 15,17)

 Oui c’est bien Jésus le crucifié qui est là, sa main gauche et son pied gauche portent la trace discrète des clous de la crucifixion. C’est lui qui était mort, qui a partagé notre condition humaine, et qui vient nous proposer une vie nouvelle, il est notre Sauveur qui va jusqu’au bout de son amour.

Où en est ma foi ? Aujourd’hui je ne peux pas toucher Jésus, mais je fais comme Thomas, un acte de foi sincère, « mon Seigneur et mon Dieu ! »

Quelle joie ai-je ressentie quand j’ai proclamé ma foi devant le Christ ressuscité ? Je sais que je ne peux le faire qu’avec l’aide du Saint Esprit. Je rends grâce.

 

« David a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption ». (Ac 2,31)

 Fra Angelico a représenté Jésus, bien réel, mais juché sur un petit nuage, faisant irruption aux enfers, le lieu de rétention souterraine des « élus », c’est à dire des justes de l’Ancienne Alliance, qui sont tous représentés nimbés.

 

« C’est alors qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité ». (1 P 3 ,19)

Le ressuscité apparaît en pleine action, rien ne lui résiste. Il a franchi la frontière entre deux mondes contrastés, celui de la lumière et de l’ordre auquel appartient encore le mur maçonné et rectiligne, en parfait état où s’inscrivent la porte et son ouverture, et le monde sous terre, caverneux, bosselé, ombreux et plein de fissures, bien qu’esthétiquement les rochers soient idéalisés comme ils le sont dans les icônes.

Jésus va de l’avant, victorieux et libérateur. Il ne s’adresse pas à un auditoire tranquillement assis, mais c’est une rencontre mouvementée que Fra Angelico présente, il invite à une jonction victorieuse entre deux camps alliés où la joie se mêle à l’impatience.

Le Christ « passe » dans la mort pour que la lumière de vie s’infiltre dans les ténèbres et fasse éclater ce qui enferme, pour faire éclater en plein jour la victoire de l’Amour divin.

Victoire tu régneras, o croix tu nous sauveras !!

 Comment est-ce que je manifeste mon enthousiasme quand je vais rendre service ? Je montre que je suis heureux de le faire ? Quels gestes je peux faire pour partager ma joie ?

 Quand je suis empêtré dans mes difficultés, qu ‘est-ce que je fais pour laisser passer la lumière de Jésus dans ma vie ? Je cherche des expériences vécues récemment, ou encore j’imagine ce que je pourrais faire.

 

« Comme la tente des fiançailles est dressée chez le fiancé, mon amour protège ceux qui croient en moi ». Ode 42 de Salomon

 Je regarde avec attention le geste que fait Jésus dans la fresque de Fra Angelico :

La main de Jésus se pose sur les deux mains du vieillard qui s’approche de lui, comme s’il les bénissait. Sa main se donne et repose sur les deux mains ouvertes du vieillard.

Ce geste a été comparé à celui que font les époux lors du sacrement du mariage : comme si Jésus, second Adam, contractait une union éternelle avec le premier Adam qu’il est venu chercher pour lui donner la vie éternelle.

 Oh Jésus, prends-moi par la main, relèves-moi de mes enfers, tires moi hors de mes ténèbres. Quand ai-je pu faire cette prière ?

 Comment est-ce que j’accepte la main tendue de Jésus qui se donne à moi ? Je l’accepte ? Je la refuse ? Je dis « oui » pour la vie ?

 J’exprime avec mes mots le manière dont j’ai pu faire alliance avec Jésus, comment j’ai pu m’abandonner à lui, comment je m’engage avec lui. Je cite des exemples dans ma vie récente. 

 

« C’est pour cela que l’Évangile a été annoncé aussi aux morts, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l’Esprit. » (1P 4,3)

Et cette foule courant vers Jésus ?   La Vie donnée au genre humain a été imaginée par Fra Angelico comme une rencontre entre une foule qui aspire à la vie et marche ensemble vers la lumière et le Christ Sauveur qui lui en ouvre l’accès.

Dans la foule on remarque Jean le Précurseur qui, les mains jointes, semble dire « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). A côté de lui Eve avance les bras croisés sur la poitrine.

La foule est nombreuse bien groupée, Jésus vient sauver tous les hommes, de tous les temps, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, ceux de demain. Il les rejoint.

« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ! » (Ps 129)

 Comment depuis mes ténèbres je mets tout mon élan pour rencontrer Jésus, « ma lumière et mon salut » (ps 26) ? Que dois-je quitter pour l’atteindre ? Quelle espérance m’habite ? Quelle joie est-ce que je ressens ? Puis-je la définir ?

Je rends grâce pour cette venue de Jésus aujourd’hui, chez moi, tel que je suis, dans ma solitude.

 Je confie au Christ les personnes que j’ai connues qui sont aujourd’hui en Dieu, je les confie à Dieu.

 

  « Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » (Ap 1,17-18)

 L’arrivée irrésistible de Jésus a eu pour effet de renverser la porte des enfers sur son gardien qui gît sous elle, inanimé. Rien ne lui résiste, il impose son pouvoir sur la mort et les puissances infernales. Rien ne peut retenir l’homme loin de Dieu, l’homme est désormais rétabli dans sa vocation première de communion avec Dieu et avec les autres hommes.

« La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie, c’est à dire l’amour » (Cl Ratzinguer).

Fra Angelico représente les comparses de Satan avec des corps bestiaux et velus. Ils s’enfuient ou se réfugient dans les anfractuosités des rochers en épiant peureusement l’action du Christ.

Oui le Seigneur « brise les portes de bronze, il casse les barres de fer. Je remercie le Seigneur de son amour, des merveilles qu’il fait pour les hommes (ps 107).

 Comment est-ce que je laisse Jésus renverser ma porte solidement fermée par mes fautes, pour faire irruption dans ma vie ? Je me souviens d’un moment où mes oppositions, mes réticences ont été écrasées, anéanties. Comment l’ai-je vécu ?

 Je finis ma méditation en demandant la grâce de faire l’expérience du Christ ressuscité, en espérant le bonheur de rencontrer le Maître de la Vie qui me tire de mes ténèbres.

 « Ne permets pas Seigneur que je sois jamais séparé de toi »

Télécharger cette méditation

Un commentaire à

  • Thérèse Gras

    Je n’arrive pas à voir l’œuvre Serbe,je me retrouve toujours sur celle de Fra Angelico que je trouve bouleversante et avec laquelle je viens de prier. Mais je suis curieuse de connaître cette œuvre serbe. Il faut dire que je suis bien vieille et mal voyante. Pouvez-vous me donner un conseil. Merci

Répondre

  

  

  

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.