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Tu as du prix à mes yeux (Is 43,1-12)

Cet oracle du Livre d’Isaïe se fait entendre au peuple d’Israël alors que depuis près de 70 ans il vit en Exil forcé loin de la Terre Promise. Dans ce contexte difficile, Dieu se révèle à nouveau.
Quels traits de Dieu puis-je découvrir dans ce texte?
« Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.
Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas.
Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Pour payer ta rançon, j’ai donné l’Égypte, en échange de toi, l’Éthiopie et Seba.
Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie.
Ne crains pas, car je suis avec toi. Je ferai revenir ta descendance de l’orient ; de l’occident je te rassemblerai.
Je dirai au nord : « Donne ! » et au midi : « Ne retiens pas ! Fais revenir mes fils du pays lointain, mes filles des extrémités de la terre, tous ceux qui se réclament de mon nom, ceux que j’ai créés, façonnés pour ma gloire, ceux que j’ai faits ! »
Faites sortir le peuple aveugle qui a des yeux, les sourds qui ont des oreilles.
Toutes les nations sont rassemblées, les peuples sont réunis. Qui, parmi eux, peut annoncer cela et nous rappeler les événements du passé ? Qu’ils produisent leurs témoins pour se justifier ; qu’on les entende et qu’on puisse dire : « C’est vrai ! »
Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, vous êtes mon serviteur, celui que j’ai choisi pour que vous sachiez, que vous croyiez en moi et compreniez que moi, Je suis. Avant moi aucun dieu n’a été façonné, et après moi il n’y en aura pas.
C’est moi, oui, c’est moi qui suis le Seigneur ; en dehors de moi, pas de sauveur.
C’est moi qui annonce, qui sauve et qui proclame, et non un dieu étranger parmi vous. Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, et moi, je suis Dieu.»
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Je lis ce passage lentement, à haute voix si je le peux.
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Je laisse un moment de calme s’installer en moi, je trouve un rythme de respiration qui correspond au repos.
Ces paroles font partie du livre d’Isaïe, le plus long livre prophétique de la Bible. Plus précisément, elles se trouvent au sein d’une unité (ch.40-55) que l’on appelle « Livre des consolations ». En effet, elle commence par ces mots : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu » (Is 40,1). L’ensemble du livre développe cette tonalité d’un Dieu qui fait miséricorde à son peuple en Exil depuis 70 ans et à qui le prophète promet un retour à Jérusalem. Ce texte est donc à entendre dans son cadre général de consolation et de miséricorde de Dieu.
Ce récit parle donc d’une révélation de Dieu dans un contexte difficile.
Après la chute en -721 du Royaume d’Israël au Nord de la Terre Promise, le petit Royaume de Juda reste le seul territoire du peuple hébreu. Ses habitants se percevaient donc comme seuls héritiers de l’alliance scellée entre Dieu et le peuple d’Israël au temps de Moïse. Mais voilà qu’en deux vagues de déportation (-597 puis -587) les Babyloniens ont mis fin au Royaume de Juda. Le peuple de l’Alliance se trouve soudain exilé loin de la Terre Promise et cette expérience devient un traumatisme profond qui questionne tous les fondements de la foi d’Israël. Toutes ses idées sur Dieu, sur l’Alliance et la Promesse de la Terre, sur la nécessité du Temple pour être en relation avec Dieu, toutes ses certitudes de foi sont remises en question. L’Exil est vécu comme une punition de la part d’un Dieu. Le danger que le peuple élu disparaisse absorbé pendant 70 ans par la culture polythéiste de Babylone est réel. C’est dans cette expérience de crise de l’identité du peuple juif et de crise de sa foi et de sa relation avec le Dieu de Moïse que le « Livre des consolations » laisse entendre la Parole d’un Dieu qui console et fait miséricorde.
En traversant des crises dans ma vie, comment ai-je senti que mes images de Dieu changeaient ? que ma relation à Dieu se développait autrement ?
Je prête attention au nombre de fois où Dieu dit « Je » et aux verbes qui suivent. « Je t’ai racheté », « Je t’ai appelé par ton nom », « Je serai avec toi », « J’ai donné », « Je t’aime », « Je suis Dieu »… Dieu s’engage avec son peuple en Exil loin de la Terre Promise. Il est là, il sera là, il promet, il s’engage, il aime. Le tout en faisant le premier pas vers Israël. Dieu s’engage sans condition.
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Cet engagement de Dieu est extrêmement puissant : comment est-ce que je l’accueille dans ma vie d’aujourd’hui ? Avec crainte ? Avec joie ? Qu’ai-je envie de répondre à cet engagement de Dieu ?
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Dieu s’engage en premier dans une période difficile pour son peuple. Et moi, dans ma vie, quelles expériences ai-je fait de Dieu qui s’engage avec moi ? En les identifiant, je rends grâce à Dieu de ces moments uniques.
Je relis ce texte et je fais attention cette fois à la succession des « Je » divins et des « Tu » ou « Vous » qui désignent le Peuple d’Israël. Je suis cette alternance et je prie avec ce rythme.
Dieu invite Israël à un dialogue, à marcher ensemble. Dieu choisit Israël comme partenaire d’alliance.
Ce dialogue que Dieu initie avec Israël permet au peuple d’aller de l’avant car, dans le contexte de l’Exil, il entend une parole d’amour fondamentale : « Tu as du prix à mes yeux, […] tu as de la valeur et [… je t’aime »
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Porté par ce dialogue « Je »-« Tu » entre Dieu et son peuple, comment ai-je envie d’y participer ? Comment est-ce que dans ma vie, mes rencontres, mon travail, j’entends Dieu m’appeler au dialogue ? Qu’ai-je envie de dire à Dieu en disant « je » à mon tour ?
Dieu choisit le peuple d’Israël au milieu de tous les autres peuples, même si c’est un peuple sans terre perdu au milieu de la grande ville de Babylone. Mais Dieu ne choisit pas Israël contre les autres. Il choisit Israël pour les autres. Dieu confie une mission au peuple élu : être témoin de la révélation de Dieu auprès des autres autres peuples.
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Dieu choisit. Est-ce que j’accepte cet amour de Dieu qui choisit et qui m’appelle de façon particulière ? Ou bien ai-je peur ? De cet appel ou de ces peurs, je parle à Dieu dans la prière.
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Dieu choisit des témoins. Comment suis-je témoin de Dieu aujourd’hui dans ma vie ? Ai-je besoin de demander l’aide de Dieu pour être son témoin auprès d’une personne que je connais, ou dans une situation de ma vie quotidienne ?
Pour finir, je m’adresse librement à Dieu dont je viens d’entendre et de contempler quelques traits. Qu’ai je envie de dire à ce Dieu qui s’engage avec moi, qui m’appelle au dialogue et veut me confier la mission de témoigner de son amour? Je lui parle comme un ami parle à son ami.
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Consoler…c’est rendre vivant cet amour ‘plus grand que notre cœur’ qui accompagne chacun ?
Merci pour cet éclairage historique…l’Ancien Testament, je ne le connais pas vraiment.