Claire Monestès, faire de sa vie une œuvre de joie !

Claire Monestès (1880-1939), fondatrice de la congrégation ignatienne La Xavière, a connu une vie bousculée et une nuit intérieure qui a duré. Mais saisie par l’amour du Christ, elle le contemple longuement, lui qui est venu dans le monde pour rassembler tous les hommes. La forme de vie religieuse novatrice qu’elle fonde dans les années 1920 vient de son désir profond de vivre une mission de réconciliation en plein monde, proche de ceux dont l’Église est le plus loin :

“Accompagner tout cheminement
qui pourra conduire vers la lumière du Christ.”

De là est née, jamais exubérante, jamais exaltée, une joie profonde.
Joie toujours tournée vers autrui. Joie dont elle dira qu’on peut ne pas la sentir, mais qu’on ne peut pas ne pas la posséder.

 

Si vous cherchez le mot JOIE dans les cahiers de Claire Monestès – son “journal” -, vous le trouverez 21 fois en un peu plus de trente ans. Bien sûr, elle n’écrit pas tous les jours, et il manque un cahier couvrant la période de l’après-guerre de 1914-18, jamais retrouvé, mais tout de même… c’est peu.

Retenez cette expression paradoxale : “Faire de la souffrance une œuvre de joie”. Vous aurez tout compris. Et vous saurez ce qu’elle veut dire et ce que fut sa vie, en l’entendant ajouter : “souffrir est une manière active d’aimer”. A l’époque, la spiritualité commune est marquée, il est vrai, par un certain dolorisme. Mais Claire ne cherche pas la souffrance. Celle-ci lui arrive, par les évènements de sa vie, en rafales !

Ruine paternelle, arrachement à Chambéry sa ville natale, à sa famille. Départ en Irlande afin de travailler et ne pas être à charge. Départ d’Irlande pour rejoindre les siens, découvrir Marseille et ses pauvretés, et là, participer à la première élaboration d’un petit groupe, les « Sociales ». Puis partir à Genève, pour connaître la pauvreté, mais aussi les passionnantes archives de la Bibliothèque Universitaire. Puis départ à Paris pour participer à la transformation des Sociales en congrégation (à l’époque les Instituts Séculiers n’existaient pas) et, le jour de la reconnaissance officielle de l’institut Notre Dame du Travail par l’Église… en être virée… par sa compagne co-fondatrice tout juste élue supérieure générale. Nouvel et terrible arrachement. Exil, solitude, pauvreté à Marseille où des religieuses l’hébergent. Et pourtant, sans doute à l’école des Exercices de saint Ignace qui invitent le retraitant à suivre le Christ « en endurant toutes les injustices et tous les mépris, et toute pauvreté, aussi bien effective que spirituelle »… une immense ardeur apostolique ! Les Missions de Midi organisées par les Dames du Cénacle sont confiées à Claire lorsque celles-ci doivent rentrer en clôture. De là naîtra le petit groupe qui donnera naissance à La Xavière, “l’enfant né de sa douleur”, dira-t-elle.

“Je ne suis pas joyeuse”, écrit-elle un jour. La joie, rarement exprimée, a toujours chez elle autrui pour objet, ou destinataire : “joie par ricochet”, dit-elle. Parfois cet Autrui est le Christ :  “accordez-moi de Vous donner de la joie”. Elle demande alors d’ “avoir l’âme prête à tout pour donner de la joie à votre cœur divin.”

“Joie ou peine, tout me sera bon”, écrit-elle. La joie lui est-elle indifférente ? Oui. Ce n’est pas la joie qu’elle cherche, mais que le Christ soit annoncé, communiqué. Cela lui est source de joie.

Avec La Xavière, “missionnaire du Christ Jésus”, la joie semble prendre corps davantage pour elle. Joie dans les  Exercices – dont le point culminant est le don sans condition au Christ pour porter avec Lui, autant qu’Il voudra, l’étendard de la Croix : “Les Exercices m’apportent chaque fois une joie nouvelle”. Joie comme confirmation : “trois choses me restent cependant de Votre passage : la joie, la paix, la charité.” Joie de voir naître la Xavière. Joie de la mission xavière en Corse. Joie au souvenir de l’appel fondateur d’autrefois, à Genève. Joie de se « vaincre ». Et petite joie à l’orgue d’Aix, où elle improvise et joue magnifiquement à la surprise générale.

Dans la joie paradoxale de Claire, vous trouverez la trace d’un seul désir : suivre et servir le Christ, quoi qu’il en coûte. “La joie vient lorsqu’on s’oublie : oublions-nous.”

Marie-Françoise Boutemy, xavière

 

Pour mieux connaître Claire, rendez-vous sur le site de La Xavière.
Deux livres pour la découvrir : Petite vie de Claire Monestès (Geneviève Roux, DDB, 2011) et Prier 15 jours avec Claire Monestès (Marie-Françoise Boutemy, Nouvelle Cité, 2011).

 

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