Saint Cyrille d’Alexandrie écrit à ceux qui vont recevoir le baptême… Laissons-nous enseigner.
Ce n’est pas seulement chez nous qui tenons de Jésus-Christ notre nom, que la foi est d’une grande autorité. Mais tout ce qui se passe dans le monde, toutes les actions de ceux-là même qui sont hors de l’Église, reposent sur la foi.
C’est sur la foi que s’appuient les lois qui règlent les effets du mariage, qui réunissent deux êtres de nature différente, et qui n’en font qu’un. C’est par la foi dans les contrats de mariage que nous entrons en participation de corps et de biens avec des personnes qui nous avaient été jusqu’alors étrangères.
C’est sur la foi que repose l’agriculture. Si le laboureur ne croyait, pas au produit de ses terres, il ne les ensemencerait pas, il ne se donnerait pas tant de fatigues.
C’est la foi qui anime ce hardi navigateur. C’est parce qu’il a la foi dans de frêles morceaux de bois, qu’il affronte les tempêtes, qu’il échange le repos que lui offre le sol, contre l’inconstance d’un élément perfide. Cette foi est la base de ses espérances incertaines. Il porte dans son cœur une foi plus solide et plus ferme qu’aucune ancre quelconque.
C’est donc la foi qui est le mobile de la plupart de nos actions. C’est une vérité constante, non-seulement chez nous autres chrétiens, mais encore chez ces hommes qui nous sont, comme nous l’avons dit, étrangers par leurs doctrines. Quoiqu’ils n’aient pour eux aucune garantie dans les divines Écritures, leur foi en trouve cependant une dans quelques principes de doctrine ou d’expérience.
L’Épître de ce jour nous appelle à la vraie foi, en nous indiquant le moyen de plaire à Dieu. Car sans la foi, dit l’Apôtre, il est impossible de plaire à Dieu. Quand l’homme se vouera-t-il au service de Dieu, s’il ne croit pas en un Dieu rémunérateur ? Quand cette jeune fille se vouera-t-elle à la chasteté, ce jeune homme à la continence, s’ils ne croient pas à cette couronne incorruptible destinée à cette noble vertu ?
La foi est l’œil qui éclaire toute conscience, qui engendre l’intelligence. Car, a dit le Prophète, si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. C’est la foi qui a muselé la bouche des lions, comme dit l’Écriture en parlant de Daniel : Il a été tiré de la fosse sain et sauf, parce qu’il a cru en son Dieu.
Qu’y a-t-il de plus terrible que le démon ? Nous n’ayons cependant point d’autres armes à lui opposer que la foi, bouclier spirituel contre un ennemi invisible. Sans cesse il nous décoche ses traits et perce dans lés ténèbres ceux-là qui ne se tiennent pas sur leurs gardes. Mais puisque l’ennemi est invisible, enveloppons-nous du manteau de la foi. Servez-vous surtout du bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre les traits enflammés du malin esprit. Un trait de feu que lance souvent l’ennemi de notre salut, c’est celui du désir des honteuses et sales voluptés. Mais la foi, en nous mettant sous les yeux le jugement dernier, rafraîchit notre âme et éteint ce feu dévorant.
Un jour entier ne suffirait pas pour énumérer tous les merveilleux effets de la foi. Parmi les nombreux exemples que nous en fournissent les figures dé l’ancienne loi, contentons-nous de celui d’Abraham, d’autant plus qu’il est notre Père dans la foi. Car ce n’est pas seulement par les œuvres qu’il a été justifié mais encore par la foi. Il a fait de grandes choses, mais il n’a été appelé l’ami de Dieu qu’après avoir cru ; et c’est de sa foi que toutes ses œuvres ont tiré leur mérite.
C’est sa soumission à la voix de Dieu, c’est sa foi qui lui fit abandonner ses parents, sa famille, et chercher une nouvelle patrie ; et de même qu’il a été justifié, soyez-le aussi. De nombreuses années entassées sur sa tête devaient lui avoir ôté tout espoir de progéniture. Il était vieux, et Sara son épouse, toujours stérile, était depuis longtemps loin de cet âge où la femme peut encore espérer. Dieu cependant lui avait promis une nombreuse postérité ; mais sans égard à tous les obstacles que la nature semblait rendre insurmontables, le saint Patriarche n’en fut pas moins inébranlable dans sa foi à la puissance et à la fidélité de l’auteur des promesses. Il crut, il espéra contre toute espérance, et deux corps presque éteints donnèrent le jour à un fils. Le voilà père ! le voilà au comble de ses vœux; mais sa foi doit encore subir une nouvelle épreuve. Dieu lui redemande cet enfant chéri ; Dieu veut l’avoir de sa main paternelle ; Dieu exige qu’il lui sacrifie ce fils, sur la tête duquel reposaient de si magnifiques espérances et dont il avait été dit : C’est d’Isaac que sortira la race qui portera votre nom. Le père des croyants obéit aussitôt à la voix de son Dieu : convaincu qu’il peut raviver la cendre des morts il se dispose sans hésiter à ce sacrifice ; il se lève, emmène sa victime, lui fait porter le bois, la lie, la couche sur l’autel, le couteau est levé ; l’holocauste est consommé dans le cœur et la volonté du sacrificateur. Dieu, satisfait, arrête son bras, substitue un agneau sur l’autel, et rend Isaac à son père. C’est pourquoi, après l’épreuve à laquelle sa foi venait d’être soumise, il fut marqué du sceau de la justice, et dans la circoncision de sa chair Dieu imprima celui de la promesse qu’il lui avait faite de le rendre père de plusieurs nations.
[…]
Si la foi d’une personne a pu opérer un tel prodige en faveur d’un autre, combien la vôtre personnelle, si elle est vive et sincère, ne vous sera-t-elle pas plus profitable encore ! Je dis plus, n’ayez point de foi, ou ayez-en peu ; le Seigneur est miséricordieux, il viendra au-devant de vous si vous êtes touché d’un vif repentir ; dites-lui seulement : Seigneur, je crois, mais aidez-moi dans mon incrédulité. Si vous croyez avoir une foi, mais faible, mais insuffisante, dites-lui avec les Apôtres : Seigneur, augmentez en nous la foi. Car ayant déjà quelque chose de vous-même, vous recevrez de lui beaucoup plus encore.
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La foi est l’œil qui éclaire toute conscience, qui engendre l’intelligence. Car, a dit le Prophète, si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas
Je n’ai rien a rajouter a la richesse de ce texte, il mérite d’être lu, relu, médité, dans le silence de mon coeur,
bien dis jeanine