5 février 2012 – 5e dimanche ordinaire, année B
Qui est Jésus ?
Les références des textes du dimanche
Job 7,1-4.6-7
Psaume 146
1 Corinthiens 9,16-19.22-23
Marc 1,29-39
Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire
Il se manifeste d’abord comme un thérapeute, un ennemi du mal de l’homme. Souvent il se dépossède du pouvoir de guérir et attribue la guérison à la foi du malade : “Ta foi t’a sauvé”, dit-il par exemple à l’aveugle de Jéricho (Marc 10,52). N’en déduisons pas trop vite que les guérisons sont la conséquence de la foi et non sa cause, car souvent Jésus guérit alors que la foi du bénéficiaire du “miracle” n’est pas mentionnée. Pensons à la résurrection du fils de la veuve de Naïm (Luc 7,11), à l’aveugle de Jean 9, au démoniaque de Luc 4, aux multiplications des pains, etc. Il en va de même pour la belle-mère de Pierre. Certes, la foi sauve, mais elle est elle-même un don gratuit de Dieu. L’amour de Dieu pour nous la précède et tout ce que nous avons à faire est d’y acquiescer. Notre foi est toujours réponse. Témoins des prodiges opérés par Jésus, les gens se posent la question : “Qui est-il ?” La réponse, même pour ses disciples les plus proches, ne viendra qu’après la Résurrection (voir Jean 20-28). En attendant, naît une méprise sur ce qu’il vient accomplir : s’il est doté d’une telle puissance, ne va-t-il pas restaurer l’indépendance d’Israël ? Le libérer de la domination romaine ? C’est en raison de cette confusion que Jésus réclame le secret sur ses actes et sur son identité. C’est ce que l’on appelle “le secret messianique” : il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d’esprits mauvais et il les empêchait de parler “parce qu’ils savaient qui il était”, et ce qu’il était venu faire. Nous partageons souvent l’illusion des contemporains de Jésus : nous attendons de Dieu qu’il mette de l’ordre dans le monde, nous lui demandons de nous épargner échecs et souffrances, alors qu’il vient simplement les épouser pour leur faire porter un fruit de vie.
L’autorité
Surprenant, le fait que Jésus se retire dans un endroit désert pour prier. Que peut signifier une telle prière ? N’est-il pas Un avec le Père et l’Esprit ? Désire-t-il quelque chose que le Père ne lui donne pas d’entrée de jeu ? Je crois que nous avons beaucoup de mal à saisir la réalité de “l’Incarnation”. Jésus se trouve au seuil d’une vie humaine comme nous tous. Nous le voyons s’attrister, se réjouir, pleurer sur Jérusalem et devant le tombeau de Lazare, admirer la foi de la Cananéenne. Il apprend la nouvelle de l’arrestation du Baptiste, puis sa décapitation. Il connaît la faim, la soif, la fatigue de la route. Dans notre évangile je le vois pris d’inquiétude : il vient d’opérer quantité de guérisons et “la ville entière se presse à sa porte”. Il prend conscience de la méprise de cette foule : elle ne comprend pas la signification de ce qu’il fait et se contente d’en profiter. En Jean 6,26 il dit à ceux qui courent après lui : “Vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pour la nourriture qui périt mais pour celle qui subsiste jusque dans la vie éternelle, celle que le Fils de l’homme vous donnera.” Dans notre lecture, il se retire, peut-être pour redire à Dieu sa fidélité à l’œuvre qu’il vient accomplir. De toute façon, la prière de Jésus reste pour nous un mystère… En tout cas, il ne retourne pas à Capharnaüm où “tout le monde le cherche”. “Partons ailleurs”, dit-il à Simon qui le presse de rentrer. Il part vers de nouveaux auditeurs pour “proclamer la Bonne Nouvelle”, non pour opérer des guérisons. En fait de miracles, il se contente de “chasser les esprits mauvais”, c’est-à-dire ce qui est incompatible avec l’annonce de l’Évangile.
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