dimanche 12 février

12 février 2012 – 6e dimanche ordinaire, année B

Guéris de toutes nos lèpres

 

 Les références des textes du dimanche
Lévitique 13,1-2.45-46
Psaume 101
1 Corinthiens 10,31 à 11,1
Marc 1, 40-45

 

Le commentaire des lectures bibliques

par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire

  

Dans l’Écriture, toutes les maladies ou infirmités ont un sens spirituel. La cécité est aveuglement devant la vérité. La surdité est inaptitude à entendre la Parole de Dieu etc. La lèpre occupe une place à part. Parce qu’elle est contagieuse, elle exige l’isolement. Parce qu’elle comporte des tumeurs et autres altérations cutanées, elle est perçue comme impureté et prend une signification religieuse. Cette maladie ne concerne pas le médecin mais le prêtre ; celui qui en réchappe n’est pas dit “guéri” mais “purifié”. Notre première lecture résume tout cela. La lèpre est l’un des symboles de la déchéance humaine, de l’homme “jeté dehors”. Hors du peuple de Dieu et même de l’humanité parce que pécheur, c’est-à-dire nuisible. Un exclu. Le lépreux représente donc le mal qui affecte l’homme. Pensons à Adam chassé du paradis, à la longue marche nécessaire pour retrouver la terre primitivement donnée à l’homme (Genèse 1 et Exode). Déchéance et rédemption, voilà le thème central qui hante tout le récit biblique. Nous pouvons en conclure que ce périple de l’humanité entière est également celui de notre aventure personnelle. Rien dans l’Écriture qui ne nous concerne tous. Illusion de penser que nous n’avons pas besoin d’être réhabilités, “pardonnés”, comme le dit le langage religieux. En d’autres termes, recréés et réintégrés. Pour une part, la guérison du lépreux nous raconte et nous dévoile notre histoire personnelle. Il y a toujours en nous quelque chose qui demande à être “purifié”. Cette constatation ne doit pas nous déprimer : l’Évangile nous annonce que le Christ vient nous libérer de tout ce qui nous détruit et nous exclut. Il ne nous est pas demandé d’opérer nous-mêmes ce relèvement : il suffit de le désirer et de l’accueillir. Bonne Nouvelle.

 

 

L’autorité
Voici le lépreux aux genoux de Jésus. Il y a là un premier manquement à la Loi, qui interdit au malade d’approcher les gens en bonne santé. Deuxième manquement : Jésus touche le lépreux. Le voici à son tour devenu “impur”. La “pitié” de Dieu le conduit à venir épouser notre condition et contracter notre maladie. Remarquons que le récit se termine en signalant que Jésus doit se tenir désormais “loin des lieux habités” comme le lépreux, qui doit habiter “à l’écart, hors du camp” (fin de la première lecture). Il sera crucifié hors de la ville, “retranché de la terre des vivants” (relire Isaïe 52,1-12). Paul insistera sur cet abaissement du Christ jusqu’à son assimilation à l’homme pécheur. Dieu n’aurait pas épousé totalement l’humanité si le Christ n’avait été jusque-là, jusqu’à prendre sur lui la condition du malfaiteur. Le voici donc “lépreux” de notre lèpre. Ne nous étonnons pas si nous voyons, autour de nous, quantité de personnes qui haussent les épaules quand elles entendent parler du Christ : l’amour, qui unit les contraires, nous déconcerte. Parce qu’il nous dépasse. Il y a aussi la peur, car nous sommes conviés à le suivre jusque-là. Pourtant, “pour nous, c’est juste”, comme dit le malfaiteur crucifié avec le Christ. Et il n’est pas seulement crucifié avec nous, par nous, mais à notre place. Et pourtant nous voici maintenant invités à le suivre jusque-là. “Invités”, car c’est librement que nous avons à le rejoindre. “Jésus, voulant guérir son peuple par son propre sang, a souffert lui-aussi, hors de la porte. Ainsi donc, pour aller à lui, sortons hors du camp, en portant son opprobre…” (Hébreux 13,12-13). Tout ce que la vie nous donne à supporter, voilà ce que nous pouvons joindre à la “lèpre” du Christ. C’est là le seul chemin vers la Vie.

 

 

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