dimanche de l’Epiphanie

Le Christ de toujours et de partout

Les références des textes du dimanche
Isaïe 60, 1-6
Psaume 71
Ephésiens 3,2-3. 5-6
Matthieu 2, 1-12

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire

 

Le Christ de toujours et de partout. Que représente cette étoile apparue dans le ciel ? Et comment les Mages ont-ils pu déduire qu’elle concernait le “roi des Juifs” ? Même alors, pourquoi se mettre en route pour aller voir un roi étranger ? Matthieu veut d’abord nous dire que la venue du Christ, même si elle se passe en Israël, dépasse infiniment le destin du peuple élu. Elle s’inscrit dans la nature tout entière, au-delà de la tradition, des prophéties, de la Loi, même si tout cela prépare sa venue au monde non plus dans le secret mais de façon visible et palpable (relire le premier verset de la première épître de Jean). Le Verbe est là en toute existence. Les démarches de tous les peuples pour se relier à ce qui nous dépasse, par exemple la magie, l’astrologie et autres entreprises plus ou moins maladroites, ne sont pas à mépriser mais à interpréter et à évangéliser (voir Actes 17,16-23, où Paul parle du Christ aux Athéniens en partant de leurs croyances propres). En se donnant un peuple élu, Dieu manifeste que son amour ne s’adresse pas à l’humanité en général, mais à chaque homme en particulier. C’est justement cet amour qui nous rassemble, nous fait “Un”. L’étranger devient alors le familier, le prochain. L’épisode des Mages nous annonce que cette union dans la foi n’est pas pour tout de suite : seuls les étrangers se rendent auprès du Christ pour lui offrir leurs cadeaux. Trois cadeaux qui ont amené la tradition à conclure que les “Mages” étaient trois, ce que Matthieu ne précise pas. N’oublions pas que nous sommes là dans un récit symbolique. Au-delà des détails, il nous est dit que les païens sont conduits au Christ en deçà de la révélation faite à Israël qui vient confirmer ce que la “nature” pouvait déjà nous faire soupçonner.

 

Où que nous soyons, le Christ est là
Cela dit, n’oublions pas que les premiers disciples de Jésus sont des juifs. Le Christ lui-même, en son humanité, est un juif. Il est l’aboutissement de la longue marche d’Israël vers la Terre promise, vers le Royaume. Ce n’est pas n’importe où que vont les Mages mais vers Jérusalem, et ce sont des juifs qui leur disent où doit naître le Messie. La foi chrétienne nous fait entrer dans un héritage qui est celui d’Israël. Les diverses formes d’antisémitisme signalent chez ceux qui les professent une absence d’adhésion au christianisme authentique : “Le salut vient des juifs”, dit Jésus en Jean 4,22. Pourtant, les Mages repartent chez eux. Ayant découvert celui que désignait l’étoile, n’auraient-ils pas dû rester là, changer de vie, s’ouvrir à la nouveauté qui se révèle ici et maintenant ? Cette question peut recevoir plusieurs réponses. Retenons que “ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père” (Jean 4, 21). Dieu, présent dans et par le Christ, “remplit l’univers”. L’heure vient où les disciples du Christ seront envoyés dans le monde entier (voir les derniers versets de Matthieu, Marc et Luc). Rentrant chez eux, les Mages ne s’éloignent pas du Christ. Pour ainsi dire, ils l’emmènent avec eux. Comprenons qu’à de rares exceptions près, nous avons à vivre avec le Christ là où la vie nous a mis, avec nos compagnons habituels. En eux se trouve le Christ. Ils sont sa présence. Et le Christ est aussi en moi quand je cesse de me concentrer sur moi-même et mes problèmes pour m’ouvrir aux autres. Paradoxe : le Christ est en moi quand je sors de moi. N’est-ce pas ce qu’il fait lui-même ? Il sort de sa “forme divine” pour se faire “semblable aux hommes”, et cela “jusqu’à la mort de la Croix” (Philippiens 1,6-8).

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