15 janvier 2012: 2ème dimanche ordinaire

“Voici l’Agneau de Dieu” 

Les références des textes du dimanche:
1 Samuel 3,3-10.19
Psaume 39
1 Corinthiens 6, 13-15. 17-20
Jean 1, 35-42

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur, Cahiers Croire

De nos jours, “l’agneau” évoque un animal chétif, fragile, tout juste capable de bêler. Pour les disciples de Jean, “l’agneau” fait d’abord penser à l’agneau pascal, égorgé et consommé la veille du départ d’Égypte vers la “Terre promise”. Agneau protecteur : l’ange exterminateur qui viendra ravager l’Égypte “passera” (Pâque signifie passage) sans donner la mort devant les portes des Hébreux, marquées du sang de cet agneau (voir Exode 12). Impossible de citer ici toutes les allusions à l’agneau dans les écrits de ce peuple d’éleveurs. Contentons-nous d’Isaïe 53, en soulignant le verset 19, et de Jérémie 11,19. C’est donc à la Pâque que renvoie le thème de l’agneau. C’est dans le Christ que va se réaliser tout ce que l’agneau biblique préfigurait. Remarquons que Jean le Baptiste ose désigner Jésus, dès le départ et sans autre précision, comme celui qui devra donner son sang, sa vie, pour nous sauver de la mort. Il sera donc tué et son sang marquera nos portes. Tué sans raison : l’agneau est aussi figure de l’innocence. Innocence de Dieu lui-même. S’il y avait eu des raisons de tuer le Christ, sa mise à mort n’aurait pas été pure injustice, récapitulation de toutes nos injustices, et il n’aurait pas totalement pris sur lui le péché du monde. Le seul péché qui le condamne est le nôtre. Il fallait que sa crucifixion soit sans raison, sans autre raison que de faire disparaître celui dont l’amour sans défaut révèle notre propre manque d’amour. Notre refus de l’amour trouve dans sa mise à mort son expression parfaite, achevée. Voici donc l’Agneau de Dieu qui porte et supporte le péché du monde. À la fin de l’Apocalypse, livre qui privilégie l’image de l’Agneau, nous trouvons le thème des “noces de l’Agneau” : la Croix est l’événement nuptial de Dieu avec l’humanité.

 

“Où demeures-tu ?”
La demeure de Dieu, encore un thème qui hante la Bible. Comme si Dieu cherchait un lieu pour prendre pied parmi les hommes. En fin de compte, c’est à Jérusalem, dans le Temple, que Dieu trouvera son “repos”. Dans le Temple, le “Saint des Saints”, abri de l’Arche d’Alliance où sont cachées les tables de la Loi. C’est là que l’on vient adorer Dieu et offrir des sacrifices. Notons que présent par sa Loi, Dieu est considéré comme présent par sa Parole. Tout de suite après Salomon, Israël sera divisé, un second lieu de culte installé en Samarie. Plus tard, le peuple sera déporté et le temple détruit. Dès lors on comprendra mieux, ce que l’on savait déjà confusément, que Dieu est partout. Dieu est là où je me trouve si toutefois je l’accueille. Comment l’accueillir ? En accueillant les autres : “Là où se trouvent deux ou trois réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux”, dit Jésus en Matthieu 18,20. Cette “réunion” fraternelle n’est pas forcément physique : l’amour peut se vivre dans l’absence. Dans notre passage d’évangile, les deux disciples de Jean posent à Jésus la vieille question de la demeure. Quand il leur demande : “Que cherchez-vous ?”, ils répondent : “Où demeures-tu ?” Ce premier dialogue de la première rencontre (chez Jean), relance symboliquement l’ancienne question. On va passer de l’Ancienne Alliance (les disciples du Baptiste en sont encore là) à la Nouvelle. “Venez voir”, leur dit Jésus. Notons l’abondance du verbe “voir” dans ce récit : on passe de l’audition à la vue, et l’on entre dans la demeure de Dieu. Bientôt, il faudra en sortir et plus tard, aller par le monde pour annoncer un Christ redevenu invisible. Le nouveau temple échappe au regard et ne se localise plus. Il est fondé sur une “Pierre” vivante (fin de notre évangile).

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