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En route vers l'ailleurs


Les références des textes de ce dimanche
1 Rois 19,16.19-21
Psaume 15
Galates 1,13-18
Luc 9,51-62

 

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Jésus prend résolument la route de Jérusalem. Il sait ce qui l'attend là-bas. On croit un peu trop facilement qu'il y va en toute sérénité. Certes, il le choisit et l'assume, mais le récit de son « agonie » à Gethsémani, entre autres textes, montrera qu'il redoute cette fin lamentable et douloureuse. Il sait qu'il ressuscitera, mais ce sera pour une vie totalement différente, pour un « ailleurs ». En fait, il est dans une situation analogue à la nôtre. Ce chemin qui va à Jérusalem, il le parcourt pour la dernière fois. La route vers la vie exige la mort à tout un passé, et cette nécessité est partout présente dans l'Écriture. Cela commence tôt : en Genèse 2,24, nous lisons que l'homme devra quitter son père et sa mère pour s'attacher à sa femme. De même, le monde recommencera avec Noé quand le déluge aura englouti l'ancienne création. Scénario analogue à propos de la tour de Babel. Plus tard, Abraham devra quitter son pays et sa famille pour se mettre en route vers un avenir inconnu… Dans la Bible, on ne tient pas en place. La vie est toujours ailleurs, plus loin. Dans notre première lecture, nous voyons Élisée brûler tout ce qui a fait son passé pour partir, à la suite d'Élie, vers l'inconnu. Chaque fois en effet on part pour « suivre » : sa femme, ce qu'annonce la « Promesse » (Abraham), un ordre de Dieu… Quant à nous, nous avons sans cesse à nous renouveler pour suivre le Christ. Nous ne sommes pas au bout de nos déménagements ! Remarquons cependant que l'Évangile ne nous présente pas cela comme une obligation : nous sommes invités, appelés, à suivre le Christ.

 

La route de la liberté
Jésus ne force personne. Si les Samaritains refusent de le recevoir, il va ailleurs et ces villageois ne seront pas « punis » : le feu du ciel ne viendra pas les détruire. Ce que les hommes font contraints et forcés ne compte pas, car ils ne peuvent devenir eux-mêmes qu'en se faisant image et ressemblance de Dieu souverainement libre. L'abandon de tout ce qui a fait le passé est aussi une libération. C'est dans cette perspective qu'il faut entendre les paroles de Jésus aux trois hommes qui envisagent de le suivre. Ne soyons pas choqués par ce qu'il répond à l'homme qui demande à aller enterrer son père : nous sommes là dans le langage des paraboles. C'est le passé qui est mort ! Notre propre mort est la fin de notre passé ; c'est là que nous l'abandonnons pour de bon, avec ce corps reçu de notre père et de notre mère et qui maintenant nous échappe. On peut relire, dans cette perspective de l'évasion hors du passé, ce que dit Paul aux Galates dans la seconde lecture : ces gens ont du mal à changer de régime, à passer du culte de la Loi, c'est-à-dire de la confiance donnée à ce qu'ils font, à la confiance donnée à un Autre. Cette libération de soi-même est la condition d'une véritable liberté. C'est en quelque sorte une renaissance permanente : c'est à chaque instant que nous avons à nous laisser animer par la nouveauté du Souffle de Dieu, l'Esprit (cf. Jean 3). Dans notre corps, et c'est un signe, chaque respiration vient remplacer la précédente. Voilà pourquoi ceux qui veulent suivre Jésus doivent laisser leur passé derrière eux.

Le chemin de la vie
Ce que fait Jésus pour nous est unique : nous ne pouvons tout à fait le reproduire. Et cela, notamment, parce qu'il est le seul Juste. Pourtant, nous ne pouvons recevoir la vie qu'il nous donne sans le suivre là où il va. Nous ne pouvons recevoir que ce que nous acceptons de donner. Donner notre vie ne revêt pas forcément le caractère tragique de la mise à mort. D'ailleurs, à la Croix, Jésus ne fait que récapituler et aller au bout de ce qu'il a vécu depuis sa naissance. Souvenons-nous de Philippiens 2,5-11 : « De condition divine, il n'a pas retenu son égalité avec Dieu mais il s'est anéanti lui-même… » Comment ? « En prenant la condition de serviteur, se faisant semblable aux hommes… » Jean, dans son prologue, ira plus loin : il omettra le mot « semblable » et écrira : « Il a été fait homme » ou : « Il est devenu homme », ce qui évite toute méprise sur la réalité de son humanité. C'est pourquoi tout homme peut se reconnaître en lui : il est « le Fils de l'homme ». Cet « abaissement » ira jusqu'à la Croix. C'est là que nous sommes définitivement et totalement rejoints, épousés. À notre tour de prononcer le "oui" nuptial pour devenir chair de sa chair, os de ses os. Nous ne pouvons en venir là que par la foi au triomphe de la vie, une vie qui n'économise pas la mort mais la surmonte. Cela revient à croire à la toute-puissance de l'amour incarné dans le Christ. Le Christ nous a donc rejoints, aussi loin de la vie que nous puissions aller. À nous maintenant de le suivre sur le seul chemin qui nous conduise, paradoxalement, à la vie. N'ayons pas peur : il ne s'agit pas d'efforts surhumains, mais de l'accueil de son Esprit qui sans cesse nous indique la route à suivre

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (9, 51-62)
Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.
Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem.
Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »
Mais Jésus se retourna et les interpella vivement.
Et ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L'homme répondit : « Permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu. »

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