26 décembre 2010 - dimanche de la Sainte Famille- Année
A Monologue
prêté à Joseph
Les références des textes du dimanche
Sirac 3,2-6
Psaume 127
Colossiens 3,12-21
Matthieu 2,13-15.19-23
Le commentaire des lectures bibliques par Marcel Domergue, jésuite,
rédacteur, Cahiers Croire
Nous voici au point d’aboutissement du récit biblique de la Première
Alliance. Un enfant, un recommencement. Voici que s’ouvre un nouvel
avenir. Nouvelle alliance, Homme nouveau, nouvelle création. Tout
cela commence discrètement, noyé dans le remue-ménage d’un recensement
symbolique. Jésus n’occupera qu’une seule ligne de la liste qui
se veut celle de l’humanité entière, cette humanité que pourtant
cet enfant fonde, récapitule, renouvelle. Cette refondation, ou
recréation, lui demandera toute sa vie et n’aboutira que le jour
de sa résurrection. Alors commencera pour les hommes une histoire
nouvelle dont il sera le terme.
Disons que l’histoire du Christ, de Dieu en humanité, n’est pas
terminée. Sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection sont prophétiques
de ce retour en gloire qu’il a annoncé comme la fi n des temps.
La fi n : à la fois le terme et le but.
À y regarder de près, ce nouveau corps du Christ qui est l’Église,
la communion des disciples du Christ, en est encore
à son enfance. À Bethléem, le voici donc de trop pour avoir place
à l’hôtellerie, lieu de résidence et de rencontre des hommes.
Déjà exclu : plus tard il sera crucifi é hors de la ville. Pour
le moment on nous le montre couché dans une mangeoire,
là où les animaux trouvent leur nourriture. Voilà comment l’Écriture
nous présente la venue du Fils de Dieu dans notre monde.
Nous aurions plutôt imaginé une irruption fracassante dans le tonnerre
et les éclairs. Au lieu de cela, voici une entrée discrète, secrète,
comme furtive. Il en est toujours ainsi de la venue de Dieu dans
nos vies. Ainsi Dieu se propose sans nous forcer la main par un
étalage de puissance. Il nous revient de le reconnaître et de choisir
de le suivre.
Jésus a donc été enfant
Un enfant est certes un avenir, un prolongement de ses parents mais
c’est aussi impuissance, faiblesse, besoin.
« Enfant », étymologiquement, signifie « sans parole ». Voici que
Dieu se remet entre nos mains.
Nous en ferons ce que nous voudrons. Il est la Vie, notre vie :
que faisons-nous de notre vie ?
Que faisons-nous de la vie des autres, qui est vie de Dieu parce
qu’en elle il se dit, s’exprime, se donne ?
Allons plus loin : vivre en vérité, c’est donner la vie, donner
sa vie pour faire vivre. Par là, nous devenons vivants :
on ne reçoit que ce que l’on donne. Cela est déjà signifié par la
paternité et la maternité et c’est bien pour cela
que nous appelons Dieu « Père ». On le sait, plusieurs se mettent
actuellement à le nommer aussi « Mère »,
ce qui n’est pas en contradiction avec certains passages de la Bible.
Déjà, le récit de la naissance du Christ
nous fait pressentir les événements de la Pâque : le voici à la
merci de nos décisions, exclu de l’hôtellerie,
couché dans une mangeoire : « Prenez et mangez, ceci est mon corps…
» Pour l’instant, il ne peut survivre
que par des soins constants. En Philippiens 2,6-8, Paul nous dit
qu’il s’est « anéanti » ou « dépouillé de lui-même »
en faisant sienne la condition humaine, et il continue en nous parlant
de la conclusion, du dernier pas de cet abaissement :
la mort ; et pas n’importe quelle mort : « la mort par la Croix
». Mais pour l’instant, livrons-nous à la joie. Les anges chantent
la gloire de Dieu, de ce Dieu qui ne se réfugie pas dans sa puissance
mais vient ne faire qu’un avec nous, dans notre vie
et dans notre mort, pour qu’en tout ce que nous avons à traverser
nous ne soyons qu’un avec lui. Pour cela Jésus va maintenant devoir
apprendre à être un homme et, par là, grandir dans sa qualité de
Fils de Dieu.
C’est la Résurrection qui en dira le dernier mot.
Père Marcel Domergue, sj