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1er dimanche du Carême - Année C

Quarante jours

Les références des textes de ce dimanche
Jérémie 17, 5-8
Psaume 1
1 Corinthiens15,12.16-20
Luc 6,17.20-26

 

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Jésus vient de se faire baptiser par Jean. Il a reçu l'Esprit et entendu la voix qui le déclarait "Fils bien-aimé". Aussitôt, cet Esprit le pousse au désert. Sans doute veut-il méditer sur les paroles étonnantes qu'il vient d'entendre et répondre à la question : que signifie et qu'exige être Fils de Dieu ? Cela va durer quarante jours.
Le carême prend aussi ce temps-là, et ce n'est pas un hasard. Le nombre quarante est symbolique : quarante jours de déluge; Moïse reste quarante jours sur la montagne, sans manger ni boire, pour y recevoir la Loi; quarante ans d'Exode dans le désert, etc. Le parallèle entre Jésus et Moïse est évident : c'est pendant ces quarante jours que va s'affirmer la nouvelle Loi, celle du Royaume. Avant d'en préciser le sens, notons que le carême nous propose de reprendre nous aussi les choses à zéro, de refaire l'inventaire de nos raisons de vivre et d'espérer, de redécouvrir les sources de notre vie et de notre joie, de notre bonheur (commentaire précédent). Le carême n'est pas un temps de tristesse, mais de vérification des mobiles qui commandent nos comportements, non pour nous affliger mais pour repartir. Ce faisant, n'oublions pas que le nombre quarante représente une totalité, une vie humaine. Nos quarante jours de carême concentrent et signifient toutes les journées de notre existence. Jésus lui-même sera tenté jusqu'à la fin, par les illusions de ses auditeurs, de vivre un messianisme de puissance. D'où la véhémence de sa réponse à Pierre qui veut l'empêcher de se rendre à Jérusalem où il sera crucifié (voir Matthieu 16,23, où Pierre se fait traiter de "Satan"). Jusqu'à la fin : à Gethsémani, Jésus demandera au Père de le dispenser du calice qu'il doit boire.

Les tentations
Il y a en nous tous, une force qui nous pousse à nous préférer à tous les autres, à prendre le pouvoir, à dominer. Au sein de nos familles, dans notre milieu professionnel, au niveau de l'État : "Tous les royaumes de la terre, je te les donnerai…". L'ambition est un tyran démoniaque que beaucoup considèrent comme une vertu. Nous sommes invités à attirer l'attention et l'admiration par nos exploits et nos réalisations : "Si tu es le Fils de Dieu (comme tu l'as entendu lors de ton baptême), jette-toi en bas (du sommet du temple)…" Certes, Jésus fera des miracles, mais ce sera par amour et non pour la notoriété. Il demandera aux bénéficiaires de n'en rien dire. Remarquons que Jésus répond aux trois tentations, qui interprètent l'Écriture à contresens, comme le serpent le fait de la parole de Dieu en Genèse 3, par trois citations du Deutéronome. Parole de Dieu, Jésus se soumet à la Parole. Il obéit : "Il s'abaissa lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix" (Philippiens 2,8). Jésus va donc à l'envers de nos réactions spontanées. Et sans doute des siennes aussi, puisque les évangélistes situent ses tentations au seuil de sa "vie publique", là où commencent l'annonce du Royaume de Dieu et l'invitation à y entrer. Trois tentations. Encore un chiffre significatif : il représente la multitude, le pluriel, et une sorte de perfection : trois personnes en Dieu, trois personnes dans la famille de Jésus, trois jours pour ressusciter, trois reniements de Pierre… Une infinité de tentations, ou plutôt une seule, le culte de soi, qui prend une infinité de formes.

Le Dieu de la vie et non de la mort
Pourquoi Dieu nous laisse-t-il en proie aux tentations ? Parce que c'est librement que nous devons nous donner à lui. Nous avons le choix entre lui et nous, entre adorer Dieu ou nous adorer nous-mêmes. Si nous nous choisissons nous-mêmes, nous nous séparons de celui qui est notre source permanente et nous allons du côté de la mort et du néant. Comme le Christ, nous sommes continuellement engendrés par le Père, et notre vérité d'hommes consiste à retourner à cette origine pour naître de nouveau, librement Dieu nous fait être, librement nous adhérons à lui. Notre existence est affaire d'alliance entre lui et nous. Les tentations du Christ reviennent, en quelque sorte, à vouloir le forcer à agir, alors qu'il vient pour qu'il y ait enfin dans l'humanité quelqu'un qui fasse, uniquement et intégralement, la volonté de Père. Volonté qui, justement parce qu'il est père et n'est que père, est volonté de vie. Notre renaissance perpétuelle est justement ce qui nous fait échapper à la mort. Jésus se remet au Père et choisit de n'adorer que lui seul. Adorer consiste à mettre au-dessus de tout, au-dessus de soi-même et de toute possession terrestre, succès, gloire, pouvoir. Avec des pierres, Jésus ne fera pas de pain, mais il fera du pain avec sa propre chair : la Pâque est déjà présente dans ses réponses aux tentations. Tout le recul de Jésus devant la perspective de la passion se concentrera dans l'heure pour laquelle il est venu dans le monde. Tel est le temps fixé pour l'ultime retour du tentateur. Alors Jésus décidera : "Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne." Il le sait, malgré l'exode sanglant qu'il doit parcourir, la volonté du Père n'est pas la mort mais la vie.

 

Évangile de Luc
Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : "Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain." Jésus répondit : "Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre."
Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre. Il lui dit : "Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela." 8 Jésus lui répondit : "Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras."
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : "Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre."
Jésus répondit : "Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu."
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.

 

 

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