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19 septembre 2010 - 25ème dimanche ordinaire- Année C

L'intendant rusé


Les références des textes de ce dimanche

Amos 8,4-7
Psaume 112
1 Timothée 2,1-8
Luc 16,1-13

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

La parabole de « l'intendant infidèle » déroute bien des lecteurs : comment le maître peut-il admirer ce gestionnaire véreux ? En fait, ce n'est pas sa malhonnêteté qu'il admire, mais son habileté, et cette parabole devrait s'intituler « l'intendant astucieux » plutôt que « l'intendant infidèle ». Jésus veut nous faire comprendre que les escrocs de ce monde sont plus malins dans leurs malversations que nous dans notre vie de foi. Eux, au moins, savent ce qu'ils veulent. En est-il de même pour nous ? Nous voulons bien suivre le Christ, tant que cela ne nous coûte pas trop cher, et que nous puissions avoir aussi l'influence, le prestige, l'autorité, la richesse… Tout cela se récapitule dans « l'argent » qui, on le sait, ne fait pas le bonheur. La dernière phrase de notre évangile récapitule tout ce début du chapitre 16 de Luc : nous ne pouvons pas à la fois servir Dieu et l'argent, ce qui reviendrait à faire de l'argent l'équivalent de Dieu. L'argent n'est pas ce que nous devons servir, mais ce dont nous avons à nous servir pour servir Dieu. C'est cela, « se rendre digne de confiance avec l'argent trompeur ». La question est toujours la même : qu'est-ce que nous cherchons exactement ? Vers quoi porte notre désir fondamental ? En quoi consiste « servir Dieu » ? Cela revient à choisir l'Amour, et nous ne pouvons le faire qu'en nous mettant au service de la vie des autres. Tout être humain, même le plus perverti, est d'une manière ou d'une autre image et présence de Dieu.


Se donner signifie se confier
Dieu au centre et tout le reste utilisé pour aller à lui, voilà qui est l'essentiel et dit le dernier mot de la foi. Ce que l'on appelle la « religion », le culte, les pratiques, les prières, dépend de cela, en est en quelque sorte le signe et aussi le moyen de nous rappeler le choix fondamental. S'en contenter serait se réfugier dans un alibi. L'expression est nécessaire, mais nous contenter de l'expression peut nous rassurer en laissant notre liberté dans l'aveuglement. En pratique, servir Dieu ou l'argent consiste à mettre sa confiance en l'un ou en l'autre. Il ne s'agit donc pas d'efforts de volonté ni de moralisation de la vie mais, une fois de plus, d'abandon de soi entre les mains d'un autre. La plupart du temps, le culte de l'argent et de tout ce qu'il représente prend racine dans un profond sentiment d'insécurité. On veut se prouver que l'on est quelque chose, quelqu'un, parce qu'en fin de compte, on en doute. Le remède ? Se fier à cet Amour qui nous fait être, nous porte, nous enveloppe. Là, on est dans la vérité. Comme toujours, c'est la foi qui est en question : la foi ne consiste pas à croire des choses mais à mettre sa confiance en quelqu'un. « En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ». Mon esprit, mon corps, ma vie. Et, bien sûr, agir en conséquence. Soulignons que cette foi s'accompagne de paix, de joie et d'une liberté nouvelle : « Je peux tout en celui qui me donne la force ». Il ne s'agit pas d'obéissance à une Loi, mais de relation d'amour avec celui qui aime le premier. Les choses de la vie, les difficultés à traverser, les deuils, les peines à supporter demeureront, mais tout cela sera traversé, irrigué, revêtu d'une valeur infinie par celui qui nous habite et que nous habitons.

 

Notre monde
La première lecture nous décrit un monde qui ressemble étrangement au nôtre. Nous avons réussi à restaurer sournoisement un esclavage qui ne dit plus son nom, a pris d'autres formes, mais consiste toujours à exploiter les plus faibles, les plus pauvres, pour accumuler des richesses. C'est ce que l'Écriture, surtout saint Jean, appelle « le monde », ce monde qui ne connaît pas Dieu et pour lequel le Christ ne prie pas (Jean 17,9). Ce « monde », voué à disparaître, nous imprègne, nous conditionne et nous ne devons être ni surpris, ni désespérés quand il nous arrive de ne pas faire le bon choix, celui qui met au-dessus de tout le Christ donnant tout, jusqu'à sa vie, pour que l'homme vive. C'est cela que l'on appelle « péché ». Et voici un nouveau retournement : ce péché crucifie le Christ, le jette hors du monde, et c'est pourtant par son acceptation de cette mort que nous lui donnons qu'il prend sur lui notre péché. Et cela parce que « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (2e lecture). Ce monde est voué à la disparition, mais pas les hommes qui le peuplent. D'où la question de Paul en Romains 5,20 et 6,1 : « Allons-nous rester dans le péché pour que la grâce surabonde ? » Il répond : « Jamais de la vie ». Ce n'est pas par hasard que nous avons été appelés à connaître le Christ et à le suivre, au sein d'un monde qui l'ignore et veut l'ignorer. Choisir le Christ est par ailleurs « payant », comme le comportement de l'intendant infidèle. Il nous fait accéder à notre vérité d'êtres humains, dans la liberté et la joie de vivre. Et d'aimer.