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17 janvier 2010 : 2ème dimanche du temps ordinaire, année C

 

Au cours d'un repas de noces

Les références des textes de ce dimanche
Isaïe 62,1-5
Psaume 95
1 Corinthiens 12,4-11
Jean 2,1-11

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

La première lecture oriente déjà notre réflexion : bien sûr, à Cana Jésus « manifeste sa gloire » en changeant l'eau en vin. Mais n'oublions pas que cela se passe dans le contexte d'un mariage. Isaïe nous invite à penser aux noces de Dieu avec son peuple et, à travers ce peuple, avec toute l'humanité. À Cana, nous sommes au début de l'Évangile selon Jean. Comme avec le récit du baptême et celui des tentations, nous sommes ici en présence d'une sorte de préface qui nous livre un des sens de tout ce qui va suivre. N'oublions pas que « les noces de l'Agneau » se trouvent vers la fin de l'Apocalypse. Ce qui suit ne fait qu'en développer le sens et en dire les conséquences, avec d'ailleurs des allusions (en 21,2 et en 22,17.) L'union de l'homme et de la femme est en effet une image de Dieu lui-même en son unité. Mais nous sommes tous appelés à partager cette unité divine : le discours après la Cène le répète sous diverses formes. On doit quitter son père et sa mère aussi bien pour suivre le Christ que pour faire « une seule chair » avec son conjoint. Notons que nous ne pouvons faire un avec le Christ qu'en acceptant de faire un seul corps avec tous les autres, même ceux qui nous paraissent les pires et pour lesquels, pourtant, le Christ a donné sa vie. À Cana, c'est ce don qui est signifié, dans le contexte de ce mariage humain qui figure l'unité du Dieu amour, mais qui ne peut parvenir à son terme sans que le Christ intervienne et manifeste sa gloire : ils n'ont pas assez de vin pour aller jusqu'au bout. Du vin… Quel vin ?

L'eau, le vin, le sang
Le thème de la nourriture et de la boisson habite l'Écriture depuis le premier chapitre de la Genèse. C'est que l'alimentation est la condition de notre survie et représente notre rapport, pour le meilleur ou pour le pire, avec la nature et avec les autres hommes : on se bat pour posséder les terres fertiles, on s'allie pour les exploiter. À Cana, voici deux boissons : l'eau de la première création, et le vin qui inaugure le recommencement de l'humanité après la destruction du déluge, provoqué par la perversion des hommes. L'eau coule de source, alors que le vin nécessite le génie et le travail de l'homme, son alliance avec la nature, donc avec Dieu. Le boire ensemble, c'est la fête, une « communion ». On trinque, mais l'union ainsi signifiée n'est qu'un oubli momentané des divisions et des litiges. Pour que l'union soit authentique, il faut donner sa vie. C'est ce que le mariage signifie, et c'est pourquoi la Passion du Christ a toujours été comprise comme les noces de Jésus avec l'humanité : la Croix est lit nuptial. En Jean 6, la boisson n'est plus le vin, mais le sang (versets 54-56), comme au cours du dernier repas. Nous passons de l'eau au vin et du vin au sang, du don de la nourriture au don de la vie. « C'est lui, Jésus-Christ, qui est venu par l'eau et le sang. Non pas avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang ; et c'est l'Esprit qui rend témoignage… » (1 Jean 5,6). Allusion au côté ouvert : alors l'heure du Christ, anticipée à Cana, est enfin venue.

Aimer : donner sa vie
Se donner à manger et à boire est l'expression la plus achevée de l'amour. Encore saint Jean, dans sa première épître (3, 16) : « À ceci nous avons connu l'amour : c'est que Celui-là a livré sa vie pour nous. Nous devons donc à notre tour livrer notre vie pour nos frères… » Cela vaut déjà pour l'amour conjugal. À Cana, nous n'en sommes pas encore au don final, mais nous en recevons l'annonce. Chez Jean, les thèmes se chevauchent et se mélangent souvent, ce qui donne au texte une épaisseur considérable : le passé et le futur sont invités, souvent par allusions, dans les récits ou les discours. Prenons le cas de Marie, toujours appelée chez Jean « Femme » ou « mère de Jésus », jamais par son nom. À l'exception du verset 42 du chapître 6, où les Juifs disent connaître son père et sa mère, Marie n'apparaît que deux fois chez Jean : à Cana, premier signe de sa « vie publique », et à la Croix, où Jésus prononce les derniers mots de sa vie mortelle. Ainsi la « Mère » encadre l'ensemble du récit. Au départ, elle manifeste une foi extraordinaire, s'opposant à une réponse de Jésus qui ressemble fort à un refus. À la fin, elle reçoit une nouvelle maternité : elle devient mère du disciple Jean, qui nous représente tous, et le disciple vient prendre la place du Fils de Dieu. Vraiment, « tout est consommé ». Les cuves des ablutions rituelles, allusion au baptême, ont annoncé et inauguré la nouvelle naissance, notre filiation, fruit des noces de Dieu avec l'humanité.

 

Évangile de Jean
Trois jours plus tard, il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. 2 Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples.
Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu'il vous dira. » Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres. Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Le maître du repas goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l'eau. Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

 

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