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Vers l'amour véritable


Les références des textes de ce dimanche
2 Samuel 12,7-10.13
Psaume 31
Galates 2,16.19-21
Luc 7,36 à 8,3

 

 

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

En quoi consiste la foi ? Qu'est-ce que croire ? D'abord ne pas avoir peur, ne pas se méfier de celui en qui l'on croit. Vis-à-vis de Dieu, cela n'est pas si évident : n'est-il pas ce souverain exigeant, prêt à punir nos moindres défaillances ? Non. La « crainte de Dieu » signifie plutôt la prise de conscience du caractère absolu de son amour. Si nous attendons sa bienveillance de notre observation de la Loi, c'est en nous que nous croyons, pas en lui (voir la seconde lecture). Mais la foi ne consiste pas seulement en des « ne pas » (ne pas avoir peur, etc.) Elle est adhésion amoureuse à celui qui nous fait exister, et cela implique notre choix d'être «comme lui », car nous ne pouvons exister pour de bon qu'en nous laissant créer à sa ressemblance, ce qui revient à accepter d'être animés par l'amour. Ne perdons pas de vue tout cela en regardant la prostituée venir trouver Jésus. Remarquons d'abord que l'évangéliste ne lui donne pas de nom : ce n'est qu'en superposant notre récit à celui de Jean 12, d'une tout autre signification, qu'on a fini par confondre cette prostituée avec Marie de Magdala. Cette « pécheresse » est anonyme parce qu'en fin de compte elle nous représente tous. Elle a perverti et parodié l'amour, en faisant de son apparence un moyen de faire de l'argent. En allant vers le Christ, elle va vers celui qui vient mettre au monde l'amour authentique, qui ne consiste pas à prendre mais à recevoir et à donner. Ce parfum qu'elle utilisait pour agrémenter ses rencontres avec ses clients, voici qu'elle le verse maintenant sur les pieds de Jésus. Elle les essuie avec ses cheveux, ornements « professionnels ».


"Ta foi t'a sauvée…"
Luc nous dit qu'elle couvre de baisers les pieds de Jésus. Combien de fois a-t-elle embrassé, dans sa vie ? Mais aujourd'hui ses baisers changent de sens. Ils disent sa reconnaissance. Reconnaissance pour quoi ? Nous l'apprenons à la fin du récit, quand Jésus dit à cette femme sans nom que ses péchés lui sont remis et conclut : « Ta foi t'a sauvée. » Il est remarquable que ce soient là les seules paroles adressées à la prostituée. Jusque-là on avait parlé d'elle, mais personne ne lui avait parlé. Voici qu'elle est passée du statut d'objet dont on parle au statut de personne, d'interlocutrice. Mais revenons au début du récit. On peut interpréter son comportement comme l'expression d'un remord, d'un repentir ; ou comme une imploration, une demande de pardon. Pour ma part, j'y vois avant tout la manifestation de la gratitude. Une gratitude anticipée. Elle n'a pas encore entendu la parole du pardon mais elle sait que Jésus est venu là pour changer sa vie, pour la faire renaître. C'est comme si c'était fait ! D'ailleurs, le seul fait de s'être mise en route pour venir le trouver signalait déjà en elle la puissance mobilisatrice du pardon. Un pardon déjà là. Voilà qui nous permet de surmonter l'apparente contradiction des paroles de Jésus au pharisien. Au verset 47 en effet, c'est le comportement de la prostituée qui entraîne son pardon : elle a manifesté, aux pieds du Christ, beaucoup d'amour, il lui sera donc beaucoup pardonné. Et voici que Jésus ajoute : « Celui à qui on pardonne peu aime peu. » L'amour et le pardon échangent leur première place. Explication : en deçà de l'amour et du pardon il y a la foi. C'est par foi que la prostituée sait qu'elle est, va être, pardonnée. Alors elle manifeste beaucoup d'amour. Marc 11,24 : « Ce que vous demandez à Dieu, croyez que vous l'avez déjà reçu, et vous l'aurez ».


Qui sommes-nous ?
Le récit du repas chez Simon a pour centre une question d'identité : qui est Jésus ? Qui est cette femme ? Et, en fin de compte, qui est Simon ? Nous pouvons ajouter : qui sommes-nous ? En ce qui concerne Jésus, nous pouvons penser que le pharisien l'a invité pour se faire une idée à son sujet : cet homme est-il un prophète, un envoyé de Dieu ? Il pense avoir un début de réponse, négative, quand il voit Jésus se laisser toucher par «cette femme» : ce Jésus n'est pas un prophète. À la fin du récit, la question est restée sans réponse : «Quel est-il, cet homme ?» (verset 49). Jésus reste pour Simon et ses invités un mystère qui ne peut trouver de réponse que dans la foi, cette foi qui commande la démarche de la prostituée… Qui est-elle, en fin de compte ? Au début, elle est simplement nommée
«une femme, une pécheresse». Au fond, le pharisien ne fait que la survoler de son regard, il ne s'interroge pas sur son identité profonde. Jésus va le forcer à la regarder pour de bon : «Tu vois cette femme…» Regarde ! Et Jésus énumère ce qu'elle fait pour lui alors que Simon ne lui a manifesté aucune considération. À la fin, elle sera dite pleine d'amour reconnaissant, pardonnée, sauvée parce que croyante. Et Simon, qui est-il ? Il est le seul à recevoir un nom dans ce récit. Il se prend pour quelqu'un d'important. Il juge et la femme et Jésus. Il ne pense pas avoir grand-chose à se faire pardonner. Mais Jésus, notons-le, ne l'abandonne pas à ses méprises et l'invite à réfléchir. Question : dans lequel de ces personnages allons-nous nous projeter pour faire nôtre ce récit ? Bien sûr dans le pharisien, car nous sommes prompts à juger, à condamner, à ignorer, à nous approuver. Dans la prostituée également car, à y bien réfléchir, notre dette est incommensurable. Enfin, toute révérence gardée, dans le Christ, qui accueille et pardonne.

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