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8 novembre 2009 - 32ème dimanche ordinaire

Les autres nous font exister


Les références des textes de ce dimanche
1 Rois 17,10-16
Psaume 145
Hébreux 9,24-28
Marc 12,38-44

 

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

 

Le personnage de la veuve est souvent évoqué dans la Bible. Il représente la solitude affective, mais plus encore l'être humain sans défense, à la merci de tous, et aussi sans ressources. « La veuve et l'orphelin » sont pratiquement sans droit et dépendent donc de la bonne volonté de leurs voisins. Or voici qu'Élie, dans notre première lecture, vient trouver une veuve non pour lui donner, mais pour lui demander. Cette femme n'a que des mauvaises cartes : pas de mari, un enfant à charge. Et tout cela en temps de famine. Si le prophète demande à la veuve de le nourrir en premier en prenant sur le peu qui lui reste, ce n'est pas par égoïsme. C'est pour que cette femme cesse de compter sur ses réserves et en vienne à se fier totalement à la parole qui vient de Dieu. « N'aie pas peur », lui dit-il. Elle doit cesser d'envisager la mort, de croire en la mort qui doit suivre la consommation de ses dernières réserves, pour ouvrir les yeux du côté de la vie. Une vie qui vient d'ailleurs. La veuve de Sarepta suit le même itinéraire. Toujours le même message : donner sa vie pour la sauver, même si ce « donner » prend d'abord le visage d'une perte de soi. C'est de cela que nous ne devons pas avoir peur. Donner de soi-même pour faire vivre d'autres personnes peut servir de définition au processus de la génération. Le « schéma » en est le même. L'existence de l'humanité est à ce prix. Au fond, si chacun avait tout ce qu'il lui faut, si nous n'étions pas obligés de compter sur d'autres pour vivre, l'échange, le partage, l'amour ne seraient plus les constituants nécessaires de l'humanité.

Celui qui donne est celui qui gagne
Le besoin de l'autre, celui auquel on donne et celui qui nous donne, signifie notre relation à Dieu. Dieu est amour. Là où l'amour n'existe pas, Dieu est absent, ce qui signifie qu'il n'y a plus de place que pour la mort En effet rien n'existe que par la présence de Dieu. Un monde qui serait juxtaposition d'individus autonomes ne serait pas image de Dieu ; donc ne serait pas. C'est par le passage aux autres que tous ensemble nous sommes expression du Père, du Fils, de l'Esprit. Dieu est union, et nous avons à nous faire union. Ce qui est fondamental, ce n'est pas le besoin de celui auquel nous donnons, besoin qui n'est pas toujours évident, c'est le besoin que nous avons de donner pour simplement exister. Relisons notre évangile : les scribes dont il est question au verset 38, ceux qui étalent au grand jour leur richesse matérielle et spirituelle, émargent-ils au budget alimenté par le tronc de la salle du trésor ? Sans doute, puisque Jésus dit qu'ils dévorent les biens des veuves. Dans ce cas, c'est à ces riches que la veuve va donner « tout ce qu'elle a pour vivre ». Or, c'est elle qui est gagnante : donnant sa vie, elle la sauve, alors que ceux qui la lui prennent (verset 40) la perdent, ce qui est signifié ici par l'annonce de la condamnation. Mais n'oublions pas que le Christ prendra sur lui cette condamnation qui devrait empêcher le riche d'entrer dans le Royaume (versets 23-27 de ce même chapitre 10).

La veuve habitée par Dieu qui se donne
Quand Jésus dit que la veuve de Sarepta a donné tout ce qu'elle avait pour vivre, il ne faut probablement pas prendre cette formule au sens strictement matériel. Il vient d'ailleurs de dire que cette femme a pris « sur son indigence », par opposition au « superflu ». Même s'il ne lui reste « qu'une poignée de farine et un peu d'huile » (1re lecture), elle a renoncé à sa sécurité économique ; elle a mis sa survie en danger. Pour cela, il a fallu qu'elle entende, d'une façon ou d'une autre, le « n'aie pas peur » de la première lecture. Elle est donc entrée dans l'aire de la foi : elle a en quelque sorte changé d'univers. Nouvelle naissance pour une vie à l'abri de la perspective de la mort. La voici désormais en dépendance vitale d'une générosité extérieure à elle-même. Générosité des autres par laquelle passe et se révèle la générosité divine, la seule qui nous libère de la mort. Mais qui a donné sa vie sans rien réserver ? Qui s'est dépouillé de ses vêtements, de son honneur, de sa vie ? Contrairement au grand prêtre qui venait offrir un sang étranger, qui a donné son propre sang ? Les scribes construisent leur notoriété, leur prestige, sur les biens des veuves. Le Christ entre dans le déshonneur en épousant notre misère. Le fait que la veuve de Sarepta donne tout ce qu'elle a pour vivre montre que le Christ est à l'oeuvre secrètement, depuis le commencement du monde, dans le don de soi effectué par une multitude d'hommes et de femmes. Par la croix du Christ nous est révélée la plénitude de l'amour de Dieu déjà figuré en ses créatures.

Évangile selon Marc
Dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d'honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés. » Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes. Jésus s'adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre.»

 

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