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16 novembre 2008 - 33ème dimanche du temps ordinaire- Année A

Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31
Psaume 127
1 Thessaloniciens5,1-6
Matthieu 25, 14-30

 

Des inerties coupables


Archiconnue, la fameuse parabole des talents ! Bornons-nous à quelques lignes de force. D'abord, remarquons que le maître, en confiant son argent à ses employés, ne leur donne aucune consigne quant à ce qu'ils devront en faire. Il ne leur dit pas de le faire fructifier. Cela, c'est à eux de l'inventer. Voilà qui fait penser au Décalogue qui, après nous avoir dit d'aimer, ne nous précise pas quelles conduites doivent concrétiser cet amour. Il énumère simplement les conduites qui nous en feraient sortir. L'amour en effet ne se commande pas. Il ne peut nous venir de l'extérieur, il ne peut naître que de nous-mêmes. Le troisième employé ne se voit pas reprocher ce qu'il a fait mais ce qu'il a omis de faire. Autrefois nous entendions parfois des gens venant accuser leurs fautes dire : « Je n'ai pas tué, je n'ai pas volé, je ne vois pas en quoi j'ai péché. » Ils auraient dû se souvenir de ce que dit Jésus dans la parabole suivante (25,31-46) : « J'avais faim et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli… » La valeur de nos vies se mesure avant tout au bien que nous omettons de faire. En Luc 16,19-31, le riche sans nom est condamné non parce qu'il a fait de bons repas, mais parce qu'il n'a même pas vu Lazare qui gisait, affamé, à sa porte. Au lecteur de relire à cette lumière ce qui se passe dans sa vie et dans nos sociétés.

Une fausse image de Dieu
Pourquoi ce troisième employé a-t-il omis de faire fructifier ce qu'il avait reçu ? Il le dit lui-même : « Je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé (…) J'ai eu peur. » Déjà Genèse 3 nous disait en langage mythique que nous vivons sous le régime d'une fausse image de Dieu. L'homme le voit menteur : il vous a dit que si vous mangez de ce fruit-là, vous mourrez ; ce n'est pas vrai, au contraire vous deviendrez comme Dieu… On le voit aussi avare : s'il vous ment, c'est parce qu'il ne veut pas vous donner sa propre nature divine. Disons, pour traduire le mythe, qu'assez facilement nous voyons Dieu comme un maître exigeant, un surveillant pointilleux qui ne laisse rien passer, un juge impitoyable. Bref, nous ne voyons pas Dieu tel qu'il est (cf. 1 Jean 3,1-2). Remarquons que c'est de ce Dieu défiguré que l'homme, en Genèse 3, veut devenir l'image (« Vous serez comme Dieu… »). Tentative impossible car choisir de devenir semblables à un Dieu qui n'existe pas, c'est choisir le néant. Le néant est improductif et c'est probablement cela qui empêche le troisième employé de produire du fruit. Au fond, il a vu le maître selon ce qu'il est lui-même, lui, le serviteur et, chose qui peut surprendre, le maître va à son tour se conformer à l'image que cet homme se fait de lui. C'est nous qui mesurons la générosité de Dieu à notre égard : il a besoin de notre permission pour pouvoir nous aimer.

La fécondité de l'amour
Les deux premiers employés ont fait fructifier les talents qui leur avaient été confiés. Voici donc maintenant quelque chose qui n'était pas là au départ : le fruit de leur travail. Ainsi sommes-nous appelés à faire surgir du nouveau : nous sommes, comme on dit, créatures de Dieu. Or tout ce que crée Dieu est, à son image, créateur. Cela se vérifie dans la matière, dans le vivant et culmine dans l'homme. Sans cesse advient du nouveau et nous ne devons pas avoir peur de ce que la science et la technique font sortir de l'intelligence et de la main des hommes, même si se révèle de plus en plus la nécessité de dominer, de maîtriser notre faculté d'inventer et de produire. Mais pourquoi Jésus a-t-il présenté deux serviteurs productifs dans sa parabole ? Un seul aurait suffi, semble-t-il, pour figurer le bon en opposition au mauvais. Sans doute veut-il nous rassurer si notre fécondité n'est pas extraordinaire. Chacun est appelé à produire du fruit selon ce qu'il a reçu, selon ce que la vie lui a donné. L'arbre qui ne donne pas de fruit est un arbre mort, sans postérité, c'est-à-dire sans avenir. Ceux qui se sentent de maigres arbustes ne doivent pas se faire de souci. Ce qui nous est demandé, c'est de croire en l'amour qui nous donne notre fécondité. Répandre cet amour, le laisser nous traverser pour qu'il atteigne les autres, voilà ce qui multiplie les talents que nous avons reçus.

 

Évangile selon Matthieu 25, 14-30
Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole :
« Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : "Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. - Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître."
Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : "Seigneur, tu m'as confié deux talents; voilà, j'en ai gagné deux autres. - Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître."
Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : "Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient."
Son maître lui répliqua : "Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez- lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !"

 

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