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5 octobre 2008 - 27ème dimanche ordinaire- Année A

                  Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Isaïe 5,1-7
Psaume 79
Philippiens 4, 6-9
Matthieu 21,33-43


Bons et mauvais fruits

Si nous comparons notre évangile avec le texte d'Isaïe de la première lecture, nous constaterons que Jésus reprend à peu près exactement la mise en scène du prophète. Dans les deux textes, un homme possède une vigne et la soigne avec amour. De quoi s'agit-il ? Que représente le maître de la vigne et la vigne elle-même ? Bien sûr, cet « ami » (1re lecture) est Dieu lui-même, celui qui non seulement possède la vigne mais la fait exister et lui donne tout ce dont elle a besoin pour porter du fruit. Quant à la vigne, elle peut représenter plusieurs réalités. Dans la première lecture, il s'agit de la « maison d'Israël », ce peuple que Dieu a fondé, choisi, accompagné, soigné, nourri tout au long de son histoire. Ce peuple, arraché à l'esclavage, s'est perverti au fil du temps. Le prophète prévoit sa ruine. Schéma pour ainsi dire universel et applicable à toute décadence (voir verset 7). Aux yeux de tous, Israël, peuple témoin, met en scène en sa propre histoire la parabole du drame vécu par toutes les sociétés qui bafouent « le droit et la justice » (verset 7). D'autres textes nous parleront de la restauration d'Israël. À long terme, nous ne pouvons subsister sans « produire du fruit » pour nourrir ceux que la faim accable et que l'injustice écrase. Les versets suivants du texte d'Isaïe traduisent cette « injustice » en termes de course à la richesse et de volonté de puissance.

Rendre grâce à Dieu
Notre évangile entend lui aussi récapituler l'histoire du Peuple de Dieu mais, après une mise en scène identique (les soins donnés à la vigne), le paysage change. Voici maintenant des personnages absents chez Isaïe : les vignerons. De même qu'en Genèse 1,28-31, Dieu confie aux hommes le monde qu'il crée. Après quoi, il s'en va. Absence de Dieu, qui laisse aux hommes la responsabilité de dominer le monde, de l'exploiter, d'en maîtriser les nuisances, de lui faire porter son fruit. Par là, l'homme se fait, librement, « image et ressemblance » de Dieu et, lui aussi, il marche vers son repos du septième jour. Si Dieu s'absente, ce que nous pouvons constater tous les jours, c'est parce que, désormais, il est présent par l'homme et dans l'homme. Mais voici qu'une question se pose : Dieu est-il comparable à un propriétaire qui met des employés au travail et qui, en fin de compte, leur réclame le prix du fruit qu'ils ont produit ? Il n'est pas question de salaire dans cette parabole et nous ne pouvons pas la lire dans la logique d'employeur et de salariés telle que nous la connaissons ; ici tout le fruit appartient au maître ! Égoïsme divin ? Que nous réclame Dieu ? Une seule chose, la reconnaissance au sens fort du mot, c'est-à-dire une entrée dans l'univers de la réciprocité, de l'échange, du don mutuel. Nous ne pouvons nous refermer sur le monde qui nous est donné ; à partir de lui nous avons à remonter jusqu'à la source.

Une histoire sans cesse recommencée
Une fois de plus, il s'agit donc d'établir une relation vraie avec celui qui nous fait porter du fruit. Car, contrairement au texte d'Isaïe, la vigne de la parabole porte son fruit. Il s'agit de ne pas l'accaparer, de ne pas nous refermer sur lui. En effet, le vertige de la prise de possession conduit tout droit au contraire de la relation vraie, c'est-à-dire à la violence. D'où l'énumération des brutalités exercée par les vignerons contre les envoyés du maître. On se souvient que la Genèse fait commencer l'histoire humaine hors paradis par un meurtre : celui d'Abel par Caïn. Meurtre dû à la rivalité, une rivalité omniprésente ; dans les bureaux, les ateliers, les chantiers, entre les hommes politiques… C'est pourquoi l'histoire biblique est jalonnée par les conflits des frères ennemis : Jacob et Ésaü, David et Saül, Israël et Juda… les juifs et les païens. Pour entendre Paul affirmer : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec », il faudra attendre le meurtre du Fils. Les frères ennemis se mettront d'accord d'abord pour tuer le Fils, ensuite pour « regarder celui qu'ils ont transpercé ». Il est la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs et qui devient la pierre d'angle (versets 42-43). Pierre d'angle d'une maison nouvelle, d'un peuple nouveau. Bien entendu, nous avons ici tout un survol de l'histoire d'Israël, mais aussi de l'histoire de toute l'humanité et l'erreur serait de croire que tout cela est du passé : le mystère du refus du Fils est sans cesse recommencé, dans l'histoire de tous et de chacun de nous. Nous avons des manières innombrables de tuer le Fils de Dieu en nous : sentiments de supériorité, paroles trompeuses, hypocrisies diverses… Mais c'est lui, première parole, qui aura, en nous et dans le monde, le dernier mot.

Évangile selon Matthieu 21,33-43
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : "Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon.
"Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : "Ils respecteront mon fils." Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux: "Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l'héritage !" Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons?"
On lui répond: "Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu."
Jésus leur dit : "N'avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'oeuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux !
Aussi, je vous le dis: Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.»

 

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