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21 septembre 2008 - 25ème dimanche ordinaire- Année A

                                    Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Isaïe 55,6-9
Psaume 144
Philippiens 1,20.24-27
Matthieu 20,1-16


« Mes chemins ne sont pas vos chemins »
C’est bien ce que va confirmer notre évangile, en conclusion d’une longue liste de textes bibliques. Cela commence tôt ; pourquoi, en Genèse 4, voyons-nous Dieu préférer Abel, cadet par surcroît éleveur, c’est-à-dire consommateur de viande animale, alors qu’en Genèse 1,29 tout le monde est créé végétarien, c’est-à-dire sans violence, et que la viande animale ne sera autorisée qu’à partir de Noé et en raison de la fragilité spirituelle de l’homme (Genèse 8,21 et 9,1-4) ?
Impossible de citer tous les cas de préférence divine inexplicable. Pensons cependant à Jacob, choisi plutôt que son aîné, Ésaü ; à David, le dernier-né des sept fils de Jessé ; à Salomon, fils de la femme volée à Urie le Hittite. On le sait, Dieu choisit toujours des non-ayants droit et l’on se souvient des paroles de Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 1,26…) : « Frères, considérez votre appel. Il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages… » Paul ajoute les faibles, choisis pour confondre la force, ceux que l’on méprise de préférence à ceux que l’on honore, etc. Ainsi personne ne peut faire valoir des titres pour justifier le don de Dieu. En fin de compte, Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes bons mais nous sommes bons, rendus bons, parce que Dieu nous aime.


L’injustice de Dieu
Nous avons à réviser toute une théologie du mérite qui voulait nous faire croire que le don de Dieu se mesure à notre valeur. Certes, quelques textes bibliques, isolés de l’ensemble, pourraient nous laisser croire cela. En réalité, le don de Dieu se mesure à l’amour, venant de lui, que nous laissons passer à travers nous pour atteindre les autres : c’est nous qui fixons la mesure (Luc 6,38, par exemple). Du côté de Dieu, si l’on peut dire, le don est total ; il nous donne tout ce que nous sommes, ou plutôt tout ce que nous acceptons d’être, et tout ce qu’il est. En lui, le don est total, sans mesure.
Pierre dira qu’il nous fait même participants de sa nature (2 Pierre 1,4). Dieu ne nous doit rien et il nous donne tout. Il y a donc, au départ de notre être, un amour sans raison. Non raisonnable. C’est bien pour cela que Jésus nous dit qu’il n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Pour qu’ils se convertissent, dira-t-il. Oui, mais ici, se convertir consiste avant tout à croire au don qui nous est fait. S’il y a conversion morale, elle vient après, à titre de conséquence de notre confiance en l’amour qui vient nous assumer. Il y a donc à la source de chacun de nous quelque chose, quelqu’un, d’inexplicable.
Risquons le mot : d’injustifiable. Je suis incapable de dire pourquoi je suis là, moi. Je sais le comment mais le pourquoi ne se trouve nulle part en ce monde. Nous sommes gratuitement. Nous ne pouvons justifier notre présence.


La dernière heure
De quoi Jésus nous parle-t-il, dans notre évangile ? Certainement de la conduite de celui que nous appelons Dieu. Du Royaume des cieux, c’est-à-dire de la logique de nos rapports avec lui. Et là, nous retrouvons l’injustifiable : la justice de Dieu n’est pas notre justice, sa logique n’est pas notre logique, nous qui estimons, même si nous ne le faisons pas toujours, que chacun doit recevoir selon son dû. Ses chemins ne sont pas nos chemins. Sa justice n’est pas justicière, elle est justifiante : elle rend juste celui qui ne l’était pas.
Celui qui est le juste par excellence ne jette pas sur le coupable la pierre du châtiment. Dans notre parabole, il rétribue un travail qui n’a pas été fait. Bien plus, ces ouvriers d’un instant sont les premiers à recevoir un salaire qu’ils n’ont pas gagné. C’est là où l’absence de mérite abonde que l’amour, totalement gratuit, surabonde, comme le dit en substance Romains 5,20. Dieu est injuste par excès d’amour : la justice n’est pas insatisfaite mais surclassée. Et les premiers doivent se réjouir de passer après les derniers car, en l’acceptant, ils adoptent l’amour dont Dieu les aime, cet amour injustifié, premier car il est lui-même sa propre cause. C’est pourquoi le Christ, lui qui est le premier, parfaite image du Dieu invisible, est venu prendre la dernière place. C’est pourquoi le Seigneur s’est fait le serviteur. Et pourquoi les ouvriers de la première heure ne reçoivent-ils pas davantage ? Parce que ce que Dieu donne, c’est lui-même, au-delà de tout salaire.

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