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31 août 2008 - 22ème dimanche du temps ordinaire- Année A

                                    Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
Jérémie 20,7-9
Psaume 62
Romains 12,1-2
Matthieu 16, 21-27


Le refus de la violence
À peine les disciples ont-ils reconnu, par la voix de Pierre, l’identité du Christ, que celui-ci commence à leur annoncer ce qui va arriver à Jérusalem. Ces événements vont faire découvrir aux hommes Dieu tel qu’il est. Et ce que signifie être « Christ, Fils du Dieu vivant ». En effet, c’est le don que Jésus nous fait de lui-même qui nous apprend l’ultime vérité sur Dieu, sur le Christ, sur l’homme.
Pourquoi se déchaîne-t-on contre Jésus ? Parce qu’il vient nous dire que nous ne sommes vraiment des hommes qu’à partir du moment où nous fondons notre vie uniquement sur l’amour. Non pas sur le pouvoir, ni sur la renommée, ni sur la possession de biens significative, croyons-nous, de notre puissance et de notre valeur. Bref, il s’agit de cesser d’adorer toutes ces idoles pourvoyeuses de violence.
Les disciples eux-mêmes ne sont pas à l’abri de ces vertiges : ils imaginent que Jésus va prendre le pouvoir. Même après la Résurrection, ils demandent au Christ si c’est maintenant qu’il va rétablir la royauté en faveur d’Israël (Actes 1,6). Ils n’ont pas compris que toute notre valeur, notre seule valeur, réside dans notre choix d’aider d’autres hommes à vivre. Le refus de dominer, qui revient au refus de la violence, déchaîne la violence des violents. Qu’est-ce qui provoque la défaite de la violence ? C’est que le Christ accepte de la subir sans l’épouser, sans pactiser avec elle. Il serait entré dans le jeu de la violence s’il avait accepté que Pierre se serve de l’épée pour le défendre (Jean 18,10).

La mort de la mort
Répondre à la violence par la violence, c’est la redoubler. Si le Christ était entré dans son jeu, il l’aurait du même coup divinisée. Mais n’aurait-il pas pu tout simplement lui échapper ? C’est bien ce que dit Pierre en entendant Jésus annoncer sa mort : « Non, cela ne t’arrivera pas à toi. » « Pas à toi » : aux autres seulement ? Si Jésus s’était esquivé, s’il s’était soustrait à nos drames, notre problème n’aurait pas été résolu. Par lui, Dieu entre dans notre monde de violence. Est-ce simplement pour contempler notre malheur et tirer son épingle du jeu ? Étant Amour, peut-il nous laisser seuls, bourreaux et victimes ? Ici disparaît l’image du Dieu vengeur, fréquente dans la Bible en attendant
la réponse finale, donnée par le Christ crucifié. À partir de là, on comprend mieux pourquoi le Nouveau Testament affirme si souvent qu’il fallait que Jésus passe par la Croix. C’est bien là qu’est démentie la valeur factice de la violence et manifesté le caractère divin de l’amour. Mais cela, on ne le pardonnera ni à Jésus, ni à ceux qui se réclament de lui : la crucifixion sera reproduite de génération en génération. En vain, car on ne peut pas tuer Dieu, ni même ceux qui, acceptant la Loi d’Amour, ne font qu’un avec lui. La Résurrection révèle que la violence est définitivement perdante. Comme dit Paul en 1 Corinthiens 15,54 :
" la mort a péri dans sa victoire."


L’aventure de Pierre, notre aventure
Au verset 17 de notre évangile, ce n’est pas en tant que fils de Jean, selon « la chair et le sang », que Simon a reconnu en Jésus le Fils de Dieu : ses vues n’ont pas été humaines mais divines.
Au verset 23, tout a changé : il est redevenu fils de Jean et s’est mis en travers du chemin de Jésus comme un « Satan », un adversaire qui vient barrer la route. Jésus lui enjoint de quitter sa position d’obstacle, de cesser de se comporter en pierre d’achoppement sur la route de Jérusalem. Au lieu de se tenir devant Jésus, il doit passer derrière lui et le suivre.

La dureté de la réprimande donne à penser que Simon s’est fait ici complice de la tentation majeure de Jésus : échapper ² à ce « calice » qui va lui être donné à boire (Matthieu 26,39). La « vie publique » de Jésus est comme encadrée par les tentations d’un messianisme de puissance et de gloire du chapitre 4 (la tentation au désert) et sa prière à Gethsémani. L’intervention de Pierre se place en quelque sorte à mi-chemin et prophétise son comportement au cours de la Passion. Ces textes sont à lire en parallèle. Et nous sommes impliqués : ce n’est pas seulement Simon qui doit passer derrière Jésus pour le suivre sur la route qu’il va ouvrir. Quiconque veut bénéficier de ce qu’il apporte doit aussi prendre la croix, les croix, que la vie lui impose. Autrement dit, accepter, au lieu de se révolter, la condition humaine, et donc se comporter comme Jésus s’est comporté. Et c’est une question de vie ou de mort : qui veut économiser sa propre vie la perdra, qui accepte de la perdre à cause du Christ la sauve. Mais les défaillances de Pierre doivent nous rassurer : nous ne ferons pas mieux que lui et, comme lui, le Christ viendra nous retrouver.

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