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10 août 2008 - 19ème dimanche du temps ordinaire- Année A

                                    Le commentaire des lectures bibliques
                      par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire aujourd'hui

Lectures bibliques
1 Rois 19,9.11-13
Psaume 84
Romains 9,1-5
Matthieu 14,22-33


La solitude de Jésus

Jésus vient de donner un signe, la multiplication des pains, annonciateur de la Pâque. C’est là en effet qu’il donnera sa chair et son sang en nourriture pour faire vivre la multitude. Les gens ont mangé et ont été rassasiés. Visiblement ils n’en demandaient pas plus. Rien dans notre texte sur la réaction des disciples. Ont-ils compris la signification de ce pain inépuisable ? En tout cas, Jésus renvoie tout le monde, les disciples vers l’autre rive, les foules dans leurs villages.


Comme si rien ne s’était passé. Jésus reste seul : n’est-il pas le seul à savoir ? Seul avec le secret de ce qui va lui arriver à Jérusalem ? Sa prière solitaire fait penser à ce qui se passera à Gethsémani. Là encore il sera seul : ses disciples dormiront et le contenu de sa prière doit être identique dans les deux cas. Personne avec lui pour ouvrir le chemin du Passage. Mais, finalement, s’il n’y a personne à côté de lui, c’est parce que tout le monde est en lui.

Quelques lueurs peuvent éclairer le contenu de sa prière : il semble partagé. Il désire la venue de cette heure pour laquelle il est venu dans le monde, mais ce désir est mêlé d’angoisse (Luc 12,49-50). Il va jusqu’à demander à Dieu de lui épargner ce « calice », mais en même temps il choisit la « volonté du Père ». Tout cela peut nous aider à mieux comprendre ce que signifie « Incarnation » ; Jésus n’est pas un surhomme, il est « Fils de l’homme» et partage pleinement nos désirs, nos angoisses et la nécessité de choisir qui caractérise notre condition.

Le vent et l’eau

Voici les disciples embarqués seuls sur les eaux hostiles qui, bien entendu, rappellent le « grand abîme » de Genèse 1. Là aussi le vent est au rendez-vous, mais il ne s’agit plus du souffle léger volant comme un oiseau. Maintenant c’est un vent mauvais, un vent de tempête qui, de plus, souffle dans le mauvais sens. Ainsi, nous naviguons sur les eaux de la mort et les vents, semble-t-il, nous sont souvent contraires. Quant à Dieu, tout porte à croire qu’il est absent : Jésus n’a pas embarqué. Ainsi va la galère. Et tout cela se passe la nuit, dans le royaume des ténèbres. Jésus va affronter symboliquement cette figure du côté angoissant de la condition humaine.
En effet, tout ce que nous avons à vivre, tout ce que nous pouvons entreprendre et même réussir, est affecté d’une marque d’insignifiance par la perspective de la mort, figurée dans la Bible par l’eau profonde.
Jésus va rejoindre ses disciples en piétinant les eaux mortelles, celles qui avaient détruit l’humanité dans le mythe de Noé, celles qui avaient noyé les Égyptiens dans le livre de l’Exode. Cette marche sur la « mer » est figure de la victoire du Christ sur la mort.

Tout ce chapitre 14 de Matthieu est composé d’anticipations pascales qui viennent répondre à l’annonce de la décapitation de Jean Baptiste (versets 9-12, immédiatement avant notre lecture). L’abîme, le vent mauvais, la mort n’auront pas le dernier mot. Le mot de la fin, l’ultime Parole, c’est encore le Christ, toujours vivant.


L’aventure de Pierre, notre aventure

Notons que l’on ne reconnaît pas le Christ à première vue ; les disciples le prennent pour un fantôme, comme en Luc 24,37 quand Jésus vient les retrouver après la Résurrection. Comme tant de fois dans nos récits, Jésus les rassure : « C’est moi, n’ayez pas peur. » À l’arrière-plan, nous pouvons penser à cette peur de Dieu qui nous habite secrètement.

Quant à la réaction de Pierre, beaucoup la jugent absurde : il semble en effet vouloir tenter Dieu : « On va bien voir ; si c’est vraiment lui, je marcherai sur l’eau moi aussi ; si ce n’est pas lui, je coulerai. » Je pense que ce texte va beaucoup plus loin : nous aussi, ses disciples, nous avons à être avec lui dans sa traversée de la mort. « Si c’est toi (puisque c’est toi), ordonne-moi de venir à toi, sur les eaux. » Là où est le maître, là doit être aussi le disciple. « Là où je vais tu me suivras plus tard… » (Jean 13,36, au seuil de la Passion).

Dans notre récit, Pierre s’engage dans la foi, et cette foi lui fait dominer les forces de mort. Mais voici que la force de la tempête (penser à l’arrestation et à la condamnation de Jésus) prend possession de son esprit, et la peur remplace la foi. Le doute s’installe et Pierre coule. C’est bien ce qui s’est passé au cours de la Passion. Au dernier moment Jésus arrache Pierre à l’emprise des eaux mortelles. Tout cela est écrit pour que nous gardions confiance même quand nous constatons nos faiblesses, voire nos éclipses de foi. Encore une fois, le Christ a le dernier mot. « Vraiment tu es le Fils de Dieu », disent les disciples au terme de l’aventure : ces mots sont ceux de la profession de foi pascale.

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