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  Au jour le jour : célébrer le dimanche

            6 janvier 2008, Epiphanie du Seigneur

                                                                                                                                                           Isaïe 60,1-6
                                                                                                                                                              Psaume 71
                                                                                                                                                     Ephésiens 3,2-6
                                                                                                                                                   Matthieu 2, 1-12

L’amour distingue et rassemble

 

Un autre commentaire du père Marcel Domergue, sj


Le sens général de la visite des mages est donné par la seconde lecture : ce qu’Israël détenait comme un bien particulier devient un don fait à tous les peuples.On passe de l’élection d’Israël seul à l’élection de toutes les nations. Formule contradictoire, car élire c’est choisir, discriminer. Si Israël a été choisi en premier, c’est pour que nous comprenions qu’il s’agit ici d’amour. Or l’amour, à moins de devenir totalement abstrait, ne s’adresse pas à des masses prises en bloc mais à un être choisi. C’est bien ce qui arrive à Israël. Mais voici qu’avec le Christ, cet amour s’adresse à tous les hommes comme il s’est adressé au peuple élu.
Cet amour se révèle donc choisissant chaque peuple comme s’il était seul au monde.
Il n’y a d’amour que de l’unique.
Nous apprenons que chacun est unique pour Dieu, que chacun est connu et appelé par son nom, ce qui revient pour lui à sortir de l’anonymat. Ainsi se fonde la dignité de l’élu. Finalement, la tradition n’a pas été mal inspirée en donnant des noms aux mages. Ils ne sont pas interchangeables et c’est sans doute pour cela que Matthieu nous les montre apportant à Jésus des cadeaux différents. Chacun a sa particularité, mais les voici unis dans la même démarche : Jésus les rassemble dans une même adoration. Ainsi se construit l’unité. Car, en Dieu, le Fils n’est pas le Père, ni l’Esprit, mais ils sont ensemble le Dieu unique.


Qui sont les Mages ?

Les Mages sont représentants de peuples et de cultures parfaitement étrangers à Israël. Pas seulement par la race, la langue, les mœurs, mais aussi par leurs conceptions religieuses. Mage et magicien sont synonymes. Ils pratiquent la sorcellerie. Dans la Bible, mage est souvent associé à devin. Ces personnages n’ont pas bonne presse en Israël. Le livre de Daniel les tourne constamment en ridicule, l’Exode les montre impuissants devant Moïse.Au chapitre 19, verset 31, le Lévitique interdit de s’adresser à eux et même, en 20,6, retranche du peuple ceux qui ont recours à leurs services.
Quand l’Évangile nous montre des mages venant adorer le Christ, nous apprenons que les « chacun » rejoints par l’amour ne se ressemblent pas, qu’ils ne sont pas des exemplaires identiques d’une création en série, que se vérifie la parole qui nous dit que l’Esprit va « d’une extrémité à l’autre » pour investir ce qui lui est le plus contraire. Les Mages gardent leur particularité en venant au Christ. À la fin, ils « rentrent chez eux », pour retourner à leurs occupations habituelles, mais « par un autre chemin ». Tout demeure semblable et pourtant tout est différent. Comprenons qu’il n’est pas nécessaire d’adopter les mœurs, les philosophies ou la psychologie occidentales pour adhérer au Christ. Acceptons que les Asiatiques, les Africains ou d’autres vivent la foi chrétienne, y compris dans la liturgie, tout autrement que nous, Parisiens, Bretons ou Auvergnats.

Chemins des hommes, chemins de Dieu

Examinons maintenant ce qui concerne les divers personnages du récit. À la nouvelle de la naissance du nouveau roi des juifs, Hérode comprend qu’il s’agit du Messie attendu. Un astre ne se lève pas pour un roi ordinaire. Sa réaction est la peur ; et tout Jérusalem tremble avec lui.À l’approche du divin, les êtres humains sont d’abord saisis de crainte. L’ange de l’annonciation n’a-t-il pas dû dire à Marie elle-même : « Ne crains pas » ? Au lieu de passer de la peur à la foi, Hérode passe à la décision de tuer. Les chefs des prêtres et les scribes savent où le Messie doit naître. Ils savent mais ne bougent pas. Ils disposent des clefs mais n’entrent pas. Revenons aux Mages. Ce qui a été dit au paragraphe précédent pourrait laisser croire qu’ils vont au Christ malgré leurs pratiques divinatoires quasi idolâtriques. C’est au contraire par le biais de leur astrologie (l’étoile) qu’ils « viennent adorer ». Les bouddhistes, hindouistes, animistes etc. viendront-ils au Christ à travers les « semences du Verbe » contenues dans leurs religions ?
N’oublions pas que Dieu emprunte les chemins de l’homme même quand ce sont des chemins d’errance. Ainsi les Israélites se donnent un roi contre la volonté de Dieu (1 Samuel 8,4-9). Or c’est de cette lignée royale qu’il n’a pas voulue que Dieu fait naître le Messie. Salomon, fruit de l’adultère de David, devient ancêtre de Jésus. Dieu se servira de la volonté meurtrière des hommes pour leur procurer le salut. Même le mal est asservi par l’amour pour en fin de compte procurer le bien.

 

 

                                                                             P.Marcel DOMERGUE, sj